Le Japon épargné grâce à sa langue ?

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Relativement peu touché.es, les Japonais.es volontiers masqué.es semblent moins… postillonner !

Le pays se montre à l’abri d’une contamination massive. Pourquoi ? Les linguistes offrent une explication : moins de sons expirés dans la langue nippone, donc moins de gouttelettes. Les autres idiomes de par le monde « expulsent » davantage.

Au Japon, le coronavirus touche 10 fois moins qu’en France, alors même que le confinement s’y montre beaucoup moins directif. Le postillon n’en est pas la seule cause ? Après tout, le Japon a tôt fermé ses frontières, le masque y est d’usage courant pour protéger son prochain, on ne s’embrasse ni ne se serre la main à tout bout de champ, l’hygiène y est scrupuleuse et l’on se demande même si, au contact d’autres virus endémiques, les Japonais.es ne sont pas en partie immunisé.es. Alors la langue parlée, peut-être, contribue-t-elle à cette relative innocuité du Sars-CoV-2.

C’est une vidéo diffusée sur la chaîne de télévision nippone TBS qui tend à le montrer. On y voit une jeune femme prononcer « Ceci est un crayon » devant un papier. Dans d’autres langues que le japonais, les consonnes b, d, p, t exigent le mouvement des lèvres et de la langue : ces consonnes « expulsent » les sons. Prononcer en anglais « Stay healthy » (« Restez en bonne santé ») exige une expulsion de gouttelettes de 20 à 500 microns. Mais en japonais on « gutturalise » moins.

Un « gueulard » est un supercontaminateur
Futura Sciences relaie un article de la revue PlosOne qui a mesuré les taux d’émission de gouttelettes de salive à travers un texte énoncé. Constat des chercheurs : la voyelle /i/ (need – besoin – ou sea – mer) « produit plus de particules que /ɑ/ (saw – scie – ou hot – chaud) ou que /u/ (blue – bleu ou humeur), tandis que les mots dissyllabiques incluant des consonnes vocales (/d/, /b/, /g/) produisent plus de particules que les mots comportant des consonnes non vocales (/s/, /h/, /f/) ». Plus de voyelles implique plus de particules émises.

Un exemple pris par Futura Sciences : le mot « dépité » dans plusieurs langues. En français, on prononce une voyelle et une consonne expirée. Idem en anglais (upset) ou en italien (irritato). Mais en japonais, l’on dira dōyō (動揺) sans forte expiration.

Mais, conclut l’étude, les phonèmes d’une langue ne sont pas les seuls contributeurs à des expulsions moins fortes. La force de l’expression compte aussi. Des « gueulards » pourraient agir en « supercontaminateurs », vecteurs de 80 % des infections. Or les Japonais.es s’expriment plutôt calmement et discrètement… Voire se taisent… On les sait pourtant adeptes du karaoké. Or à Washington, l’épidémie est censée être née dans une chorale en mars…

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité