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Décidément, la franchise collectionne les bons points : solidité et résilience – lors des crises et notamment celle de la covid-19 –, véritable accompagnement des franchiseurs à l’égard des franchisé·es, réduction du risque en rejoignant une enseigne… Ces atouts attirent de plus en plus d’entrepreneur·ses, y compris les plus jeunes. Mais ne dites jamais à un excellent élève qu’il l’est… il pourrait se reposer sur ses acquis. La franchise, malgré tous ses atouts, cache encore une belle marge de progression. Tant mieux !

 

« Face à la crise, le modèle de la franchise prouve une nouvelle fois sa solidité et son attractivité », dixit Bertrand Magnin, directeur du développement Banque Populaire. Chaque année, le groupe bancaire et financier mutualiste réalise l’enquête annuelle de la franchise, la 18e édition en 2022, en lien avec la Fédération française de la franchise (FFF). Dont la déléguée générale, Véronique Discours-Buhot, ne manque pas de se réjouir de la bonne forme du modèle : « La franchise est un modèle d’entrepreneuriat moderne, dans l’air du temps, et surtout, performant ! Elle prouve chaque jour qu’elle est un vrai moteur économique, social et sociétal. » Plaidoyer pro domo ? Sans doute un peu, mais les chiffres vont bien dans le sens de nos deux spécialistes…

 

De multiples atouts

Que disent-ils, ces chiffres de l’enquête annuelle ? Que se lancer en franchise s’inscrit notamment dans une volonté de reprendre le contrôle sur sa vie, pour presque un tiers des répondant·es (29 %). Les mots sont forts. Mais expliquent sans doute un grand nombre de reconversions de salarié·es, enfermé·es dans une routine qu’ils·elles ne supportaient plus. Pour aller chercher cette nouvelle vie, celle d’entrepreneur·ses ! Mais l’aventure entrepreneuriale en franchise présente moins de risque que la création de son entreprise, seul·e. Rejoindre un réseau, c’est avant tout bénéficier de la notoriété d’une enseigne (pour 36 % des sondé·es), ce qui rassure les aspirant·es à la franchise. Celles et ceux qui envisagent le commerce associé estiment que le modèle limitera leur prise de risque financière (42 %). Dans ce sens, le statut de franchisé se révèle un atout pour l’octroi du crédit auprès de sa banque.

Mais la raison majeure qui pousse les futur·es franchisé·es, c’est l’accompagnement et les formations mises à leur disposition au démarrage – principale motivation invoquée par 53 % de celles et ceux qui envisagent ce type d’entreprise, selon l’enquête. Il n’y a qu’à constater les actions menées par les franchiseurs durant la crise sanitaire. Plus de 90 % d’entre eux ont communiqué vers leurs franchisé·es sur les dispositifs gouvernementaux et les aides disponibles pendant la pandémie et 88 % ont mis en place des initiatives pour renforcer l’animation du réseau et la dynamique collective. Les magasins et services en franchise ne se sont pas retrouvés esseulés, voilà tout l’intérêt d’un développement sous la forme d’un commerce associé. Enfin, covid ou pas, le personnel des franchises bénéficie, à 84 %, d’une formation initiale proposée par le franchiseur – pour une durée moyenne estimée à 30 jours.

 

Une marge de progression

« Faire de la pédagogie, encore et toujours ! », lance aux journalistes venus décrypter l’enquête annuelle la déléguée générale de la FFF, Véronique Discours-Buhot. En filigrane : même si beaucoup de gens croient connaître le modèle de franchise, en réalité, quand on creuse un peu, ils s’aperçoivent assez vite qu’ils se forgent une vision assez erronée du secteur. C’est précisément sur ce point que la franchise doit s’améliorer si elle entend poursuivre son développement, en France ou ailleurs. Dans le précédent numéro de Franchise & Concept(s), paru en décembre, nous revenions sur les « faux » et les « vrais » du commerce associé dans le but de casser les idées reçues. Parmi elles : l’ouverture d’un point de vente qui exigerait plusieurs années d’expérience. C’est faux ! Pour rappel, l’âge moyen à l’ouverture du premier point de vente est de 36 ans. Parfois, le néofranchisé se lance dans un secteur d’activité autre de celui qu’il connaissait auparavant. Christophe Bellet, président de Gagner en franchise, nous l’assurait il y a quelques mois : « On peut tout à fait découvrir de nouveaux métiers, même sans expérience, le franchiseur est aussi là pour proposer des formations de conversion au néofranchisé. » Du reste, 1 franchisé sur 2 a changé de secteur par rapport à son activité précédente. Essentiel dès lors de communiquer sur la franchise, proposer des rencontres entre franchiseurs et franchisé·es pour rendre le commerce en réseau encore plus accessible qu’il ne l’est déjà. C’est bien entendu l’objectif de Franchise Expo Paris, qui se déroule cette année du 20 au 23 mars, toujours à la Porte de Versailles, à Paris – un peu plus de 450 exposants attendus.

 

Le défi de l’écoresponsabilité

Pour les franchiseurs, l’une des principales préoccupations touche à la sélection des candidatures (à plus de 80 %, selon les chiffres de l’édition 2022). Le coaching et le parrainage rassurent le franchiseur dans sa quête du·de la candidat·e idéal·e. Reste à savoir s’il·elle existe, car il n’existe pas de profil type pour se lancer en franchise !

Point capital sur lequel devront se concentrer les réseaux dans les années à venir, l’écoresponsabilité. Et c’est indéniable, la crise covid-19 est passée par là. Environ deux ans d’introspection pour les Français·es qui ont revu leur manière de vivre, de travailler et de consommer. Les franchisé·es le remarquent au quotidien : les trois quarts perçoivent de la part de leurs clientèles des attentes écoresponsables pour donner, entre autres, plus de sens à leur consommation – 63 % des Français·es privilégient les enseignes qui soutiennent la production locale et 47 % achètent régulièrement des produits bio ou écoresponsables. Alors forcément, les franchises au sens large – coopératives, concessions… – nourrissent des attentes vis-à-vis de leur franchiseur, en termes d’engagement (81  %), d’offre (77 %) et d’accompagnement (76 %), pour poursuivre au mieux leur virage écoresponsable. La franchise, ce poids lourd agile français, voit se dérouler encore un boulevard devant elle pour accentuer son hégémonie dans le monde de l’entrepreneuriat. C’est bien tout le mal qu’on lui souhaite.

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