Temps de lecture estimé : 5 minutes

S’il est un modèle de commerce organisé qui a fait ses preuves en France, c’est la franchise. Un principe simple, la collaboration entre deux entreprises indépendantes, un franchiseur et un·e franchisé·e, pour l’animation d’un collectif et d’un réseau sous l’égide d’une même marque. Et des avantages clairs. Depuis plusieurs décennies, les réseaux en franchise ne cessent de s’enrichir et le modèle d’accroître son attractivité et sa valeur de levier d’entrepreneuriat de choix.

 

Naissance du terme au Moyen Âge, début d’une nouvelle ère commerciale dans les années 1930, installation du modèle et montée en régime durant la deuxième moitié du siècle dernier et enfin multiplication et essor massif des réseaux depuis le début des années 2000 : l’histoire de la franchise se compte sur le temps long. Ses pionnier·ères : des commerçant·es qui lancent les bases d’un système d’association commerciale durant l’entre-deux-guerres, qui mutera ensuite en stratégie de développement collectif. En France, il faudra attendre le début des années 1970 pour assister à une multiplication des enseignes et de leur réseau, pendant qu’aux États-Unis le modèle s’impose dès l’après-guerre. Partout, le même constat : l’octroi des droits d’exploitation de sa marque à ses partenaires indépendant·es constitue une solution d’accroissement des parts de marché pour peu d’investissement à la clé. Et un pourvoyeur massif d’emplois et d’opportunités professionnelles : lancer sa propre entreprise avec seulement un petit capital ou quelques économies.

De 1971, lorsqu’il n’existait encore que 34 réseaux en franchise, à aujourd’hui – plus de 2 000 –, il n’y a qu’un grand et long pas durant lequel le modèle s’est installé dans le paysage économique en général et entrepreneurial en particulier. De telle sorte que toute enseigne qui aspire à un développement national et international doit, a minima, réfléchir à la solution de la franchise. Puisqu’une démonstration vaudra toujours plus qu’un long discours, parole aux chiffres fournis par la Fédération française de la franchise : en l’espace de trente ans, de 1971 à 2000, la franchise française est passée de 34 réseaux à 553 et à un chiffre d’affaires global de 31,11 milliards d’euros pour 30 630 franchisé·es au total. Ensuite, le boom du modèle jusqu’à aujourd’hui : 929 réseaux en 2005, 1 477 en 2010. Et 2 049 aujourd’hui, pour 79 134 franchisé·es et un chiffre d’affaires total de 68,8 milliards d’euros. La franchise n’est plus un modèle parmi d’autres, c’est un secteur majuscule et moteur de l’économie française.

 

La dynamique de l’interdépendance

D’un côté, la construction et l’animation de la qualité et de l’image du concept de marque, responsabilités du franchiseur, de l’autre, la mise en œuvre et l’exploitation du modèle et des valeurs du réseau, responsabilités du·de la franchisé·e. Une équation simple dans l’idée mais complexe dans l’application. L’animation d’un réseau n’est pas une mince affaire. Par définition, le modèle de la franchise implique une interdépendance profonde entre membres d’un réseau et vis-à-vis de la maison mère. Si le pic de la franchise remonte à 2019 (2 049 réseaux), dernière année d’avant crise, l’attractivité du secteur ne s’est jamais démentie et la franchise rebondit déjà. Les quelque 795 000 emplois directs et indirects qu’elle représente pourrait rapidement viser le million.

Et pour cause, on le répète, la franchise, c’est la garantie de profiter des avantages et de la sécurité de l’organisation en réseau. Le principe d’organisation endogène qui fonde le modèle exige la coordination des activités des membres du réseau, ainsi que l’addition de leur compétence et la combinaison de leurs ressources, même si chacun reste indépendant et « réussira » mieux ou moins que ses alter ego – il arrive bien sûr que des franchises échouent. Preuve de la bonne santé du modèle : la dernière Enquête annuelle de la franchise, 18e du nom, réalisée par la Fédération française de la franchise en partenariat avec la Banque populaire (lire p. 26). Les principaux enseignements : parmi les Français·es interrogé·es, 28 % déclarent qu’ils aimeraient créer leur entreprise et, mieux, 43 % envisageraient de le faire en franchise. Il apparaît, dans les chiffres comme dans les retours d’expérience, que la valeur facilitatrice de la franchise et l’assurance de bénéficier d’un accompagnement personnalisé et professionnel en matière de création d’affaire et de gestion d’une ou plusieurs entreprises soient les premiers arguments en faveur du secteur. Sans oublier le gage de sécurité, bien que le risque zéro ne soit pas de ce monde, intrinsèque à tout réseau. Si l’on va plus vite seul, on court moins de risques à plusieurs et la crise sanitaire confirme l’adage. Et pas qu’un peu : 70 % des franchisé·es estiment sans détour avoir mieux résisté en 2021 à la crise qu’un·e commerçant·e isolé·e, contre 67 % en 2020. De la même façon, 8 franchisé·es sur 10 se montrent confiant·es pour l’avenir de leur affaire et souhaite continuer leur progression au sein de leur réseau. « La dynamique est là. Face à la crise, le modèle de la franchise prouve une nouvelle fois sa solidité et son attractivité », a confirmé Bertrand Magnin, directeur du développement Banque Populaire, à l’occasion de la publication de l’enquête annuelle.

 

Des secteurs moteurs

Si la franchise est aujourd’hui installée confortablement au sein de la quasi-totalité des domaines de l’activité économique tricolore, certains secteurs historiques se distinguent tout particulièrement. Premier poids lourd de la franchise, en termes de chiffre d’affaires global, l’alimentaire. À elle seule, l’alimentation rassemble 24,13 milliards d’euros de chiffres d’affaires, loin devant n’importe quel secteur, répartis sur 219 réseaux (2e du total) et 15 162 points de vente franchisés (1er). Viennent ensuite l’équipement de la maison, avec 8,99 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 360 réseaux (1er) et 9 197 points de vente (2e) et les enseignes commerciales diverses, avec 6,75 milliards d’euros de CA, 206 réseaux (4e) et 7 939 magasins (4e). La catégorie supérieure des secteurs en franchise est complétée par la restauration rapide (210 réseaux et 6 916 points de vente) et les services à la personne (202 réseaux). Pour tous, le dynamisme et l’attractivité sont les maîtres mots depuis des décennies. Et chaque secteur joue à plein son rôle de moteur de la relance et du rebond de la franchise dans sa globalité après deux difficiles années de crise. Véronique Discours-Buhot, déléguée générale de la Fédération française de la franchise, le confirme : « L’année 2021 aura été celle du rebond pour la franchise, celle de la relance. » Affirmation appuyée par le bilan : la franchise a progressé de 7,7 % en 2021.

Pour ces secteurs locomotives, l’ambition reste de mise. Notamment pour les équipements de la maison qui s’offrent une seconde jeunesse et une attractivité retrouvée grâce aux nouvelles habitudes de consommation des Français·es, plus tourné·es vers la qualité de leur cadre de vie et à l’aménagement de la maison, à l’heure du télétravail et de la covid. Chaque trimestre, de nouvelles enseignes de bricolage, de décoration, d’ameublement, de jardinage fleurissent et enrichissent une offre toujours plus diversifiée. Ils contribuent par la même occasion à l’autre grande dynamique intrinsèque au modèle de la franchise : celle de l’emploi et de l’accessibilité de l’entrepreneuriat.

 

Satisfaction, emploi, la franchise fait des heureux·ses !

Par définition, franchise et emploi font la paire. Qu’il s’agisse de reconversion – 76 % des franchisé·es étaient salarié·es avant de se lancer – ou de première affaire, la franchise crée de l’emploi et de l’activité. En moyenne, un point de vente fait intervenir 8 salarié·es. Autrement dit, la franchise, c’est bon pour l’emploi ! Si la crise sanitaire a ralenti la création nette d’emplois dans le secteur (1,7 emploi créé en 2021 contre 3,7 en 2020), la dynamique devrait repartir de plus belle au gré du rebond global du commerce associé. Plus de la moitié des franchisé·es déclarent même leur intention de réaliser des investissements supplémentaires en 2022, pour leurs locaux et matériels, mais également en termes de recrutement. Au regard des progrès fulgurants du modèle ces dix dernières années, le secteur s’affirme comme une locomotive en termes de création d’emplois dans l’hexagone.

Pour tous les réseaux, toujours la même quête et obsession : « signer » les prochains franchisé·es, enrichir le réseau. Trouver des nouveaux·lles collaborateur·rices pour gonfler l’activité et le chiffre d’affaires global. Pour ça, les franchiseurs peuvent toujours miser sur l’envie d’entreprendre et les ambitions de reconversion souvent à l’origine de l’intégration d’un réseau. Avec, là encore, la même réflexion : le modèle de la franchise rassure les futur·es entrepreneur·ses. C’est certain, au sein d’un réseau, on est au chaud. Et, preuve de la très bonne santé du modèle : 9 franchisé·es sur 10 sont prêt·es à recommander la franchise à un·e entrepreneur·e. Joli score.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité