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Oubliez les coups de coeur, choisir un local pour implanter sa franchise n’est pas affaire de sentiment. Recherche de données chiffrées, analyse des flux, comparaison des loyers… Choisir son emplacement reste une étape indispensable à la réussite de son entreprise. Nous faisons le point avec Romain Schneider, consultant en franchise chez Progressium.

Dans la course au succès, rien n’est laissé au hasard. Et implanter une franchise n’échappe pas aux stratégies commerciales. Inutile de perdre son temps en rêveries. Vous n’installerez pas votre commerce dans ce village  pittoresque, entre l’école du petit dernier et la maison de mamie. Préparez plutôt vos tableaux Excel, car dénicher le bon emplacement est un travail d’orfèvre. Pas d’inquiétude, vous ne vous trouverez pas abandonné·es dans la jungle de l’immobilier français : les zones d’implantation géographiques sont majoritairement définies par le franchiseur.

C’est à la tête du réseau que sont décidées les opportunités de développement sur le territoire. Aux insatisfait·es, il reste une carte à jouer. L’expérience professionnelle et la connaissance d’un certain secteur pourraient faire pencher la balance en votre faveur. « Pour occuper une zone qui n’est pas dans les priorités du franchiseur, nous aurons du mal à donner du crédit à une personne qui ne connaît pas le monde de la franchise. En revanche, convaincre le franchiseur est possible pour quelqu’un qui possède déjà des affaires et qui connaît bien un territoire », affirme Romain Schneider, consultant en franchise chez Progressium.

 

Les critères déterminés par le franchiseur doivent être en adéquation avec le marché et le loyer potentiel de l’emplacement – Romain Schneider, consultant chez Progressium.

 

Sans surprise, c’est selon les besoins d’une enseigne, ses contraintes techniques ou de son concept que l’emplacement de la franchise varie. À ce titre, « le franchiseur doit définir son cahier des charges et sa stratégie d’implantation », enjoint l’expert. Et il doit être « le plus précis possible ». Sans craindre de se montrer trop restrictif, car l’objectif est d’éviter aux franchisé ·es toute déconvenue. Mais aussi de « pérenniser un concept et de ne pas le dénaturer ». Évidemment, rien n’est immuable. Une certaine latitude s’offre aux porteur·ses de projet en raison de contraintes insurmontables. Car « les critères déterminés par le franchiseur doivent être en adéquation avec le marché et le loyer potentiel de l’emplacement », poursuit Romain Schneider. Tout est question de mesure donc, car assujettir un emplacement à des critères trop stricts, risque de s’avérer un véritable casse-tête, voire une mission impossible.

 

Analyser les flux

L’intégralité de ces critères prédéfinis sera rassemblée dans le document d’informations précontractuelles (DIP). Lequel comporte également un état local de marché. Une aide précieuse dans laquelle sont regroupées tout un tas de données essentielles au choix d’un emplacement. C’est à cette étape que tout·e bon·ne franchisé·es doit se retrousser les manches et procéder à ses propres recherches. L’étude d’implantation ou étude de marché s’impose comme une étape essentielle du processus de recherche. Elle ne revêt pas un caractère obligatoire, mais « fortement recommandée », euphémise le professionnel de la franchise. « C’est assez difficile à mener soi-même, car il faut avoir accès à des bases de données qui ne sont pas forcément gratuites. » Mieux vaut recourir à un expert en géomarketing donc, mais dans le cas où vous vous sentiriez l’âme d’un expert, voici quelques pistes.

Pour que la mayonnaise prenne, le·la franchisé·e devra collecter un grand nombre d’éléments chiffrés, parmi lesquels des données sociodémographiques sur la population présente dans la zone de chalandise (âge, catégories socioprofessionnelles, habitations…). À qui s’ajoutent les flux, à l’impact décisif sur un commerce. Les entrepreneur·ses s’armeront de patience car, sur ce point, rien ne vaut le travail de terrain. Quel type de population passe devant ce local ? Ces déplacements sont-ils liés à l’emploi des habitant·es ? Les flux sont-ils toujours aussi importants le week-end ? Il est également intéressant d’examiner les facilités de transports qui entourent la zone de chalandise (transports en commun, parking, rues piétonnes…). Sans oublier d’analyser la concurrence ! « Le concept est-il présent dans la ville choisie ? Il faut déterminer, en pareil cas, si le marché est saturé ou s’il existe une réserve de marché », conseille Romain Schneider.

 

Attention aux loyers !

Les franchisé·es doivent impérativement garder à l’esprit que l’emplacement de leur entreprise sera déterminant pour la réussite de leurs affaires « dans 80 % des cas » selon le consultant de Progressium. Les données collectées dans le cadre de l’étude d’implantation seront mises en corrélation avec les propositions de l’enseigne. « Pour les concepts comme le service à la personne, les courtiers en énergie ou encore l’aménagement de maison, les fenêtres, l’emplacement est secondaire », assure l’expert. À l’inverse, tous les commerces répondant à des achats de plaisir ou de confort ont intérêt à se pencher très sérieusement sur leur implantation.

« Trouver le bon emplacement avec un bon flux, c’est à la portée de tout le monde. Mais trouver le bon emplacement avec un loyer qui est cohérent avec ce que le·la franchisé·e va générer comme résultat sur la boutique, c’est plus compliqué. » Pour Romain Schneider, la situation économique post-covid ouvre à des opportunités d’implantation plus importantes et intéressantes pour les porteur·ses de projet. Le rapport de force entre le bailleur et le locataire s’est équilibré : « Les propriétaires proposent plus d’emplacements qu’il n’existe de demandes et leurs prétentions doivent s’assouplir un petit peu. » Multipliez donc les options. Et surtout, prenez le temps. Le temps de l’analyse, le temps de la recherche, c’est ainsi que vous garantirez votre succès.

 

Consultez le Baromètre !

Il existe un outil indispensable dans la recherche d’implantation. Chaque année, le Baromètre sur le dynamisme de la franchise en région des experts en géomarketing Territoires & Marketing apporte de précieuses informations sur les territoires les plus fertiles. En 2019, c’est sans surprise que les régions les plus peuplées arrivent en tête du classement des régions détenant le plus de commerces et service de détail, soit l’Île-de-France et l’Auvergne-Rhône- Alpes. Les chiffres rapportés à la population résidente offrent une tout autre lecture. Ce sont ici trois départements du sud de la France qui tiennent le podium : la Corse, la Provence- Alpes-Côte d’Azur et l’Occitanie.

Un résultat que les experts attribuent à une importante activité touristique. En 2019, les Pays de la Loire et la Normandie sont les régions qui ont connu le plus grand nombre d’ouvertures de commerces. Au bas du classement, se trouvaient la Corse, le Centre- Val de Loire et le Grand-Est. En recoupant les données, les expert sont arrivés à la conclusion que les Pays de la Loire, le Centre-Val de Loire et la Normandie étaient les régions les plus dynamiques en franchise. L’Occitanie, les Hautsde- France et le Grand Est occupent, elles, le bas du tableau.

 

Les conseils de Romain Schneider, consultant en franchise chez Progressium

Les franchisé·es doivent être vigilant·es. Il existe beaucoup de personnes en capacité de donner des conseils en immobilier, mais peu possèdent une vraie sensibilité à la franchise. Ils vont analyser l’emplacement sans tenir compte de la particularité des franchisé·es, de leur taux d’effort maximum, de ce qu’ils·elles sont capables de paye ou encore de leur capacité à se projeter par rapport à leurs contraintes personnelles. En résumé, le premier conseil serait de choisir le bon interlocuteur. Vous avez de l’expérience et souhaitez vous investir avec toute la rigueur voulue ? Faites-vous confiance. Sinon, il faut choisir le bon partenaire, celui qui a un peu de « bouteille ». Beaucoup de professionnel·les dans notre métier cherchent à « faire des coups »

Chez Progressium, notre hantise est qu’un magasin ferme, qu’un·e franchisé·e « se plante » en raison de l’emplacement parce que nous serions passés à côté d’un détail. Les candidat·es à la franchise doivent savoir prendre leur temps. Nous sommes souvent confronté·es à des porteur·ses de projet qui ont soupé de leur boulot, qui veulent aller très vite. Mais la franchise, c’est un chemin parfois long. Ralentir et prendre des conseils extérieurs n’est jamais du temps perdu. Ne pas oublier les CCI, par exemple, pourvoyeuse gratuitement de conseils « de terrain ». Enfin, les franchisé·es doivent garder en tête que leur projet n’est jamais sans risques. Le premier est financier. Les candidat·es doivent être en capacité de comprendre qu’ils·elles pourraient perdre leur apport si l’opération ne fonctionne pas comme prévu

 

Par Marie Sanchis

 

Au sommaire :

1. 5 étapes incontournables pour se lancer
2. Implanter sa franchise, un indispensable travail de terrain
3. Droits d’entrée et redevances

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