Municipales 2020 : un second tour sur fond de crise sanitaire

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Éviter les écueils du premier tour

2020 devait être l’année des élections municipales et de leurs luttes politiques locales, elle restera comme celle où le monde fut frappé par la trouble-fête nommée Covid-19. Mais si la vie démocratique s’est elle aussi confinée pendant plusieurs semaines, elle s’apprête à reprendre ses droits lors de l’organisation du second tour des élections municipales ce 28 juin.  

Après une longue hésitation et un bon paquet de plans sur la comète pour tenter de prédire une future décision, l’exécutif a finalement tranché le 22 mai dernier après consultations des élus locaux et des partis politiques. Et l’annonce a été faite par Edouard Philippe depuis Matignon : le second tour des élections aura lieu le 28 juin 2020. Une décision accompagnée par cette phrase du premier de nos ministres : « après avoir pesé le pour et le contre, nous pensons que la vie démocratique doit elle aussi reprendre ».
Pour rappel, le sommet de l’Etat avait décidé de maintenir le premier tour des élections le 15 mars, veille du début du confinement généralisé, avant de repousser la tenue du second tour initialement prévu le week-end suivant. Un choix controversé et très critiqué, malgré l’assurance affichée que toutes les consignes sanitaires seraient respectées dans les bureaux de vote. Trois mois plus tard, les Français dont la commune n’a pas élu son/sa maire au premier tour vont devoir retourner aux urnes pour faire leur choix final. Une chose est sûre, la traditionnelle campagne d’entre deux tours et la préparation de la journée de vote sont pour le moins inédites.

Campagne à distance
La campagne pour le second tour est repartie, après près de deux mois et demi de silence forcé par le confinement et la crise sanitaire qui battait son plein. Malgré le déconfinement qui s’accélère depuis le 11 mai, distanciation sociale et gestes barrières sont désormais la norme. Ou du moins la consigne plus que conseillée. Exit donc les traditionnelles réunions publiques, marchés du dimanche et meetings de campagne plein de monde, et place aux outils numériques, jamais loin pour répondre aux nouveaux besoins. Qu’il s’agisse d’utilisations quotidienne des réseaux sociaux (YouTube, Instagram, Facebook, Snapchat…), de tchats vidéo, visioconférences ou de séries de podcasts, les candidats encore en lice cultivent leur présence et leur message auprès des électeurs connectés, tant bien que mal. Les équipe de campagne s’adaptent, étoffent leur équipe numérique, recherchent le visuel ou le post innovant et accrocheur.
Outre la campagne numérique, certains candidats usent du système D. On aura ainsi vu dans certaines communes des affiches de campagne circuler devant les promeneurs, tirées par un vélo. Autre méthode privilégiée : le recours au traditionnel « 
phoning » (campagne d’appels téléphoniques à destination d’électeurs ciblés). Des adaptations inévitables, qui engendrent des coûts supplémentaires. Pour cette campagne hors norme, dont l’ouverture officielle est prévue le 15 juin mais donc le compte de campagne intègre tout ce qui a été fait depuis le premier tour, le plafond de remboursement des frais de campagne est augmenté de 20 %.

Un défi sanitaire
En quelques chiffres, ce second tour des municipales devrait impliquer quelque 16,5 millions d’électeurs appelés à se déplacer le 28 juin dans les bureaux de vote d’environ 5 000 communes. Si le nombre d’électeurs est à relativiser compte tenu de la réticence de beaucoup à se déplacer et de l’abstention qui s’annonce élevée (59 % au premier tour), les risques sanitaires restent inquiétants. Mais l’exécutif et Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, l’affirment : « toutes les mesures nécessaires seront prises pour assurer la sécurité sanitaire de tous ».
Face à la crainte d’une forte abstention, le gouvernement a annoncé vouloir faciliter les procurations. La majorité sénatoriale (LR-centriste), soutenue par l’association des élus des grandes villes de France, a même déposé une proposition de loi visant à autoriser un électeur à disposer de deux procurations. En revanche, le vote électronique ou par correspondance n’est lui pas à l’ordre du jour, et ne reste utilisé que pour le vote aux législatives des Français de l’étranger.
Parmi les mesures prévues sur place dans les bureaux de vote : chaque électeur devra porter son masque filtrant de protection, utiliser son propre stylo pour l’émargement et manipuler lui-même sa pièce d’identité. Sans oublier des tubes de solution hydroalcooliques qui devront être accessibles aux votants dans chaque bureau. Autrement dit, sensiblement les mêmes consignes que lors du premier tour, qui avait vu nombre de bureaux de vote se montrer laxistes et peu regardants face aux recommandations sanitaires…

Adam Belghiti Alaoui

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