Temps de lecture estimé : 5 minutes
Métavers ? Comme toujours, trop de franchisés et de franchiseurs se diront que ce n’est pas pour eux. Une lubie de plus aux airs de science-fiction, destinée au secteur de la tech’… Erreur fatale ! Gageons que d’ici une dizaine d’années, le métavers sera au coeur du quotidien des réseaux. Ne loupons pas ce coche. Il y a moult opportunités à aller dégoter.
On le sait bien. Il ne sert à rien d’être nostalgique du « bel autrefois ». Le magasin à la « papa-maman » est définitivement derrière nous. Il appartient au passé. Pour autant, évidemment, il ne s’agit pas de renoncer aux valeurs ancestrales du commerce associé, à savoir la proximité pour chaque territoire, le service rendu à la clientèle, l’efficacité au quotidien. Reste qu’il faut s’adapter aux nouveaux usages, afin de ne pas laisser Amazon & consorts écrire l’avenir du secteur à notre place, ce qui reviendrait à reléguer définitivement la franchise en seconde division de l’économie. Place à l’audace. Résistons ! Et acceptons d’appréhender les nouveaux moyens numériques, le métavers en tête.
LE MÉTAVERS SERA UN JOUR INCONTOURNABLE
Concrètement d’abord, rappelons ce qu’est le métavers en empruntant la définition du Petit Robert : « Univers virtuel tridimensionnel persistant et offrant à ses utilisateurs, représentés par des avatars, une expérience interactive et immersive ». En clair, il s’agit d’un arrière-monde numérique où la réalité viendra entrechoquer l’univers virtuel. Pour un magasin de chaussures par exemple, il y aura la possibilité de créer un second magasin digital permettant une nouvelle approche du professionnel vers son client. Même chose pour le restaurant, le garage, l’agence immobilière… Cela vous semble incongru, mais demain, nous l’utiliserons toutes et tous !
En interne, le métavers vous aidera à fédérer votre réseau
Le métavers sera utile à la franchise à deux niveaux. Le premier est interne. Prenons l’exemple de Carrefour – géant qui opte de plus en plus pour le modèle du commerce associé. Il est déjà possible de plonger dans le « campus métavers » de l’enseigne, ouvert dès mai 2022. Typiquement, tout cela ressemble à un hôtel au bord de la mer… Chacun s’y déplace avec son avatar, en quête d’interactions sociales. Excellent moyen pour aborder le PDG de l’enseigne, Alexandre Bompard… Des opérations de recrutement s’y tiennent déjà. Voilà une belle manière de « rassembler » – fusse virtuellement – les parties prenantes d’un groupe à dimension mondiale.
« Faire passer un entretien d’embauche face à la mer à Paris : je faisais aujourd’hui mes premiers pas dans le métavers, sous les traits d’un drôle d’avatar, avec de jeunes candidats data analysts ou data scientists… Carrefour innove, apprend, surprend ! », résumait à l’époque ledit Alexandre Bompard… L’exemple de Carrefour est évidemment adaptable. Imaginons : vous êtes une franchise du monde de la pizza et vous souhaitez réunir vos collaborateurs pour un moment d’intégration.
Sans remettre au passé le bon vieux – et très coûteux – séminaire, il sera possible, demain, de réunir toutes vos équipes dans un espace virtuel dédié, refuge numérique de la marque. De quoi renforcer le sentiment d’appartenance. Imaginez ce que cela peut donner en matière, par exemple, de formation des nouvelles équipes… Un vrai outil au service de l’efficacité RH et de la réduction des coûts, plus que jamais salutaire en ces temps de crise.
Vis-à-vis des clients : un prodigieux gisement de croissance
Mais ce n’est pas seulement dans « la coulisse » que le métavers révolutionnera votre quotidien de franchiseur/ franchisé. Cet outil numérique deviendra une clef de votre relation future avec les clients, à l’instar de l’Internet d’aujourd’hui. Les très grandes marques de type Nike s’y mettent déjà. Notamment en créant de la « valeur additionnelle », en d’autres termes, en créant un marché nouveau, supplémentaire, qui possèdera d’ailleurs sa propre monnaie (en mode crypto).
Certains pourront dire que cela ne sera qu’une « visioconférence améliorée ». Erreur, car l’expérience immersive du métavers donne l’impression d’être « dedans » et non « devant » l’écran. De quoi rompre avec une certaine forme de passivité qui est toujours le point faible du numérique, interface souvent froide et peu engageante. L’expérience de marque est ici portée au pinacle. Plus que jamais, avec cette innovation de rupture, demain s’invente aujourd’hui. La franchise doit monter dans ce train.
« Le métavers ouvre des possibilités infinies »
Entretien avec André Combe, coauteur, avec Paolo Mauro et Felipe di Mauro, de La Franchise du Futur (éditions France Consulting), 336 pages.
Comment le métavers va-t-il bouleverser « l’univers franchise » ? Pour l’heure, on peine encore à imaginer les contours de cette révolution systémique.
Le métavers est un univers virtuel partagé qui permet à chacun d’évoluer au sein d’espaces virtuels. En cela, il est clairement un multiplieur d’opportunités. Chaque réseau pourra y établir des bâtisses et des boutiques virtuelles qui seront comme le prolongement d’une activité déjà existante. Par exemple, cela facilitera la démonstration de produits. La franchise doit étendre sa présence dans le domaine, qui sera synonyme d’une nouvelle dimension du commerce associé.
Concrètement, comment cela va-t-il se passer ?
Ce qu’il faut prendre en compte d’abord, ce sont les NFT [(de l’anglais nonfungible token) ou jeton non fongible (JNF). C’est un objet informatique (un jeton) suivi, stocké et authentifié grâce à un protocole de blockchain, auquel est rattaché un identifiant numérique, ce qui le rend unique et non fongible, ndlr]. Plus encore qu’une « monnaie numérique », il s’agit en pratique d’un titre de propriété applicable à l’univers numérique qu’est le métavers. Par exemple, si vous achetez un jean au sein d’une boutique du métavers, votre propriété est garantie par ce système.
À quoi cela servira-t-il de posséder un objet virtuel ?
Au-delà d’une utilité proprement numérique, les NFT pourront avoir des « conséquences » dans le monde réel. Pour être efficaces, les NFT doivent combiner deux grands objectifs : d’abord, celui de rareté, ensuite celui de l’utilité. Prenons exemple sur cette grande marque américaine qui commercialisa 10 000 tokens (un actif numérique). La possession de celuici donnait droit, dans la réalité, à participer à une soirée privée sur un yacht. Ce n’est évidemment qu’un exemple, mais cela ouvre des possibilités infinies !
Les réseaux qui ne se sont pas encore lancés dans ce domaine prometteur doivent-ils s’inquiéter ? Comment aborder ce nouvel univers ?
La « révolution métavers » n’est pas pour demain matin, mais elle se prépare dès aujourd’hui. Concrètement, il y aura deux métavers : le fermé et l’extensible. Il faudra donc déployer une stratégie, notamment dans l’extensible, pour posséder une boutique située au meilleur endroit, comme dans la vraie vie. Ainsi, selon que vous soyez situé en plein centre-ville ou en lointaine banlieue, vos résultats économiques ne seront pas les mêmes… Une sorte de marché de l’immobilier virtuel guidera le métavers. Les réseaux pourront toutefois se regrouper afin de constituer des zones d’attractivité. Mieux vaut d’ailleurs les inviter à privilégier les NFT haut de gamme, qui présentent une évidente plus-value.
Le métavers pourra également être utile en matière de formation et de RH…
Absolument. Ce nouvel univers sera probablement crucial pour réunir et fédérer les réseaux de demain… Cela à la condition qu’il soit utilement couplé à l’IA, l’autre versant de la révolution numérique à venir. Notons que depuis la fin de la crise covid, les réseaux comprennent de plus en plus qu’ils doivent s’adapter à l’environnement numérique pour espérer survivre. Ils sont en quête de restructuration, afin d’optimiser l’incontournable relation franchiseur/franchisé/client. Le métavers peut clairement être un accélérateur et même un bouleverseur. Impossible de dire quand cette révolution entrera de plein fouet dans la réalité concrète de nos vies… Bien malin qui pourrait le prévoir avec certitude. Néanmoins, il paraît plus que jamais indispensable de se préparer et de se former à ce nouvel enjeu clef.
PROPOS RECUEILLIS PAR VALENTIN GAURE