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C’est vraiment à ne pas confondre. Le franchisé est un indépendant, certes, mais il est soumis aux exigences de son réseau, puisqu’il utilise une licence de marque. En terme, vous « louez » une image de marque et les pratiques de celle-ci, bénéficiant ainsi de son rayonnement. Dans le cas d’un contrat de location-gérance, vous louez cette fois les murs de votre commerce. Sans accompagnement.
Il s’agit d’un contrat à l’occasion duquel le propriétaire d’un point de vente délègue à un gérant le bon fonctionnement de son commerce. Ainsi, le propriétaire d’un commerce en location-gérance, s’il perçoit bel et bien une redevance ne peut pas intervenir sur la gestion du point de vente. Toute latitude est donnée au gestionnaire pour faire prospérer les lieux… Et dégager du profit.
Deux modèles aux ambitions antinomiques
En fait, ce qui est assez étonnant quant aux deux modèles, la franchise classique et la location-gérance, c’est qu’ils comportent tous deux des avantages et des inconvénients. Le premier est gage de protection, puisque vous bénéficiez de l’aura d’un réseau qui a déjà fait ses preuves, d’une structure capable de vous épauler, de méthodes de ventes idoines… Quant à la location-gérance, si elleest plus accessible, vous serez aussi beaucoup plus autonome. Pas de « droit d’entrée » à payer, certes, mais pas d’accompagnement non plus. Vous êtes totalement responsable de votre commerce. On différenciera là encore ces deux modèles d’un troisième, que nous évoquons brièvement : la gérance salariée. Comme son nom l’indique, c’est alors un salarié – par définition non-indépendant – qui s’occupe de la gestion et le droit du travail s’applique.
IL EST POSSIBLE DE COMBINER LE
MEILLEUR DES DEUX MONDES
Revenons à notre cœur de cible, la location-gérance. Souvent, elle est une bonne porte d’entrée au monde de la franchise, destinée à ceux qui n’ont pas les moyens d’acquérir un point de vente. C’est un modèle qui permet d’accéder à beaucoup d’indépendance sans trop se ruiner. Faire tourner un fonds de commerce qui ne vous appartient pas comporte bien entendu des avantages, c’est très formateur. Mais attention ! Il faut veiller à la rentabilité, faute de quoi vous ne pourrez pas verser la précieuse redevance. On considère d’ailleurs qu’un commerce est rentable lorsque le locataire-gérant parvient à vivre de son affaire après le règlement de deux premières redevances… Si ce n’est pas le cas, inquiétez-vous !
Une bonne solution pour démarrer dans le commerce
Ensuite, le principal désagrément de location-gérance, c’est que l’argent que vous verserez chaque mois n’ira nulle part… Ou plutôt si, dans la poche de votre propriétaire, à la manière d’un loyer. Il est donc « perdu ». Tandis qu’en franchise, si vous remboursez un
emprunt chaque mois, vous êtes évidemment gagnant sur le long terme, puisque propriétaire de votre fonds de commerce.
Ainsi, la location-gérance sera privilégiée pour les débuts d’une aventure entrepreneuriale. Mais à la longue, l’impression sera frustrante : rien de pire que d’être un indépendant contraint à travailler, d’une certaine manière, pour quelqu’un d’autre ! Cette mauvaise impression est toutefois à nuancer. Il est possible de négocier un contrat de location- gérance tout en préparant un futur contrat de franchise ! En clair, de plus en plus d’enseignes font débuter certains de leurs franchisés dans un cadre de location-gérance, et ce afin de leur permettre, le jour où ils le pourront financièrement, de signer un contrat de franchise. Dans ce cadre-là, la location- gérance devient l’antichambre de la franchise. Cette solution hybride, qui combine le meilleur des deux mondes, est à privilégier. Elle prémunit mieux du risque de faillite.
LA PRUDENCE DOIT DOMINER AVEC CETTE SOLUTION
Attention aux redevances et aux pièges…
Faites attention ! La location- gérance, si elle semble peu onéreuse au départ, s’accompagne des fameuses redevances, qui sont souvent élevées. Il y a d’abord le loyer du fonds, évidemment. Mais aussi de nombreuses petites closes : redevance de franchise, redevance de communication, redevance informatique ou encore redevance achats groupés… Selon L’Express, on prévoira entre 5 et 7 % du chiffre d’affaires. Très important, car il faudra évidemment tenir compte – aussi – de la fiscalité nationale et locale. Résultat des courses : la location-gérance est un saut de haies qui n’est pas facile à tenir sur la durée. Autre risque qui ne doit jamais être éludé : celui de partir avec des pertes. Et là, c’est une autre paire de manches puisque vous ne bénéficiez alors d’aucune indemnité. Si vous faites partie d’un réseau, il sera cependant présent pour minimiser les risques, selon des règles contractuelles assez variables… Le renfort d’un conseil juridique paraît donc inestimable.
VALENTIN GAURE