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Le lancement en franchise et l’intégration au sein d’un réseau, un sacré projet pour tout·e aspirant·e franchisé·e ! Et un sacré projet qui se réfléchit longuement et fastidieusement ! Car oui, la franchise est une opportunité commerciale de choix, mais il vaut mieux bien connaître les « faux » et les « vrais » du parcours de qualification.
« Souviens-toi de te méfier. ». C’est la devise majeure retenue par le cabinet BSM Avocats pour ouvrir son Dictionnaire des idées reçues de la franchise ! Tout·e aspirant·e à la franchise se doit de rester sur ses gardes, de garder l’œil vif et l’esprit critique. Et pour cause, la franchise ne s’invente pas, le secteur et ses codes sont complexes à appréhender, bien que souvent très attractifs pour de jeunes et moins jeunes entrepreneur·ses souvent en quête de reconversion. Certes, la franchise se fonde sur un principe simple – un accord commercial et juridique par lequel une entreprise, le « franchiseur », s’engage à fournir à une seconde entreprise, le « franchisé », une marque et une assistance en contrepartie d’une rémunération. Encore faut-il répondre à toute une série de questions préliminaires avant de se lancer.
Suis-je fait·e pour la franchise ? Cette activité et ce réseau me conviennent-ils ? Les informations précontractuelles fournies par le franchiseur sont-elles suffisantes et complètes ? La liste est longue, elle réclame souvent un accompagnement juridique adéquat. Surtout, gare à la précipitation et à la confiance aveugle. « La première chose quand on veut changer de métier ou de secteur, c’est de ne pas se fier au franchiseur. Ou du moins de ne pas se fier au seul franchiseur », met en garde Me Monique Ben Soussen, présidente de BSM Avocats, un cabinet spécialisé dans l’accompagnement et le conseil juridique des franchisé·es. Autrement dit, on n’est jamais trop prudent. Et mieux vaut ne pas s’emmêler les pinceaux au jeu du vrai/faux à la sauce franchise.
L’ouverture d’un point de vente exige plusieurs années d’expérience
FAUX
Les systèmes commerciaux type contrat associé en général et franchise en particulier présentent l’avantage majeur de s’appuyer sur un concept et un réseau déjà établis. Un plus d’autant plus bienvenu pour les jeunes entrepreneur·ses désireux·ses de se lancer dans une belle aventure. Et pour les aspirant·es à la reconversion : selon l’enquête annuelle de la FFF, 74 % des franchisé·es qui ont connu une première expérience professionnelle avant d’ouvrir leur point de vente étaient salarié·es. « La franchise apprend un métier », observe Me Ben Soussen. Autrement dit, venez comme vous êtes ! C’est souvent une aventure partagée : 35 % des franchisé·es déclarent travailler avec leur conjoint·e. Toutefois, si les jeunes et les peu expérimenté·es sont les bienvenu·es dans les réseaux, Les franchisé·es ouvrent en moyenne leur premier point de vente à 35 ans et l’âge moyen de la population des franchisé·es est stable à 47 ans.
La franchise est un tremplin pour l’entrepreneuriat
VRAI
Vrai et archivrai. En France, l’entrepreneuriat à la cote. Et la franchise est une solution de choix. Selon la dernière enquête annuelle de la Fédération française de la franchise, 28 % des Français·es aimeraient créer leur entreprise, et 40 % d’entre eux·elles envisagent la franchise. Par son essence même, le système commercial de la franchise offre un cadre, un réseau au sein duquel se former et se développer. Et surtout, un contrat franchiseur-franchisé·e à même d’exploiter tout de suite un concept déjà établi, testé par d’autres, consolidé, et très souvent à la rentabilité et au retour sur investissements positifs. « Il faut le confirmer, la franchise fait gagner du temps, accélère les projets entrepreneuriaux et le parcours professionnel. J’ai des clients qui restent franchisés pendant plusieurs années, puis lancent leur propre activité ou marque après avoir appris les rouages de leur activité. La franchise est un tremplin », résume Me Ben Soussen. Tout est dit.
Le contrat de franchise est reconduit automatiquement
FAUX
Oyez, oyez, futur·es franchisé·es de tous les horizons, retenez ce simple adage : « Quand c’est trop beau pour être vrai, c’est probablement faux. » Contrairement à ce que beaucoup pensent, un contrat de franchise établi pour un an, deux ans, ou plus, n’est pas reconduit systématiquement lorsqu’il parvient à son terme. À chaque contrat ses spécificités et ses exigences et critères de reconduction. Dans son dictionnaire des idées reçues, BSM Avocats écrit : « La durée initiale du contrat de franchise est fixée par les parties qui jouissent à cet égard de la plus grande liberté […] Le droit au renouvellement n’existe pas ! Même si le contrat a été exécuté à la satisfaction des deux parties, l’une a parfaitement le droit de ne pas vouloir maintenir un lien contractuel. Elle en a le droit même si cette rupture apparaissait injustifiée. » En affaires, pas de place pour la naïveté, si l’on veut éviter les mauvaises surprises. « Il faut comprendre qu’il peut naître un intérêt divergent entre l’intérêt du franchiseur et celui des franchisé·es », souligne Me Ben Soussen.
Mieux vaut être bien accompagné par un conseil juridique, un comptable…
VRAI
La franchise, ça ne s’invente pas et ça ne s’improvise pas. Pour de bons choix réfléchis, l’appel à un conseil juridique et à une expertise comptable paraît presque incontournable. Trop rares sont les aspirant·es franchisé·es qui sollicitent un·e avocat·e spécialisé·e pour relire les contrats en amont. « Idéalement, le·la candidat·e devrait être accompagné·e par ce que j’appelle le “triplé gagnant” : sa banque qui le·la connaît et lui accorde son prêt, un·e expert·e-comptable de confiance et un·e avocat·e spécialisé·e », assure Charlotte Bellet, avocate associée au cabinet BMGB et co-autrice du Guide Dalloz de la franchise. Là encore, il s’agit d’éviter les mauvaises surprises. Certes, un conseil juridique représente une dépense supplémentaire, mais surtout un investissement judicieux, à en croire la présidente de BSM Avocats : « Les gens ont l’habitude d’être aidé un minimum, en particulier dans l’entreprise et la franchise. Et le secteur de la franchise est bien particulier, dont les codes et les spécificités sont complexes à déchiffrer. »
Les informations précontractuelles fournies par le franchiseur donnent un aperçu suffisant du réseau
FAUX
Les choses sérieuses commencent, le document d’information précontractuel (DIP) est fourni et le contrat de franchise est sur la table. La balle est alors dans le camp du·de la futur·e franchisé·e. Attention, moment crucial ! Ne surtout pas renvoyer la balle trop vite. Me Charlotte Bellet l’affirme : « Le DIP est une coquille relativement vide qui ne fournit pas les bonnes infos stratégiques, comme les chiffres d’affaires des autres points de vente. » La loi n’impose au franchiseur que la présentation de ses bilans des deux dernières années, il n’est en aucun cas tenu de présenter le bilan de ses franchisés ni les informations relatives aux résiliations de contrats au-delà de l’année précédente. Or, s’il est une information cruciale à connaître avant de s’engager, c’est bien celle du nombre de franchisé·es qui se sont « cassé la figure » au sein du réseau ciblé. Pour rassembler plus d’informations, il faudra alors se tourner directement vers les membres du réseau ou s’adresser aux chambres de commerces et associations commerçantes locales. « Au-delà de l’aspect contractuel, il faut s’intéresser à toutes les composantes commerciales. Au-delà du conseil juridique, s’évaluent l’opportunité de l’opération à évaluer, puis l’aspect comptable. La franchise est un système qui coûte cher, il ne faut pas se limiter à regarder les chiffres globaux sans avoir l’œil sur la marge, notamment », prévient l’avocate spécialisée. Surtout ne pas hésiter à réclamer plus d’informations directement au franchiseur. Et garder en tête que le refus de la transparence est l’un des premiers signaux négatifs à scruter de très près.
La franchise présente moins de risques que l’entrepreneuriat indépendant
VRAI
Voilà une idée belle est bien vraie qui découle directement du principe même des réseaux de franchise. Des entrepreneurs liés par un réseau seront (presque) toujours moins vulnérables qu’un entrepreneur seul. Et les chiffres en témoignent. Selon le dernier baromètre de la franchise publié par la FFF, 79 % des franchisé·es se sentent plus fort·es qu’un·e commerçant·e isolé·e, et 76 % ont été bien préparé·es à leur activité par la formation initiale avant l’ouverture de leur point de vente. Un bienfait intrinsèque de la franchise qui s’observe également sur le long terme : statistiquement, près de la moitié des nouvelles sociétés indépendantes ne dépassent pas les cinq ans d’activité pendant qu’a contrario, en franchise, huit entreprises sur dix montrent une durée de vie supérieure à cinq ans. Attention toutefois, moins risqué ne rime pas avec risque zéro et la franchise ne constitue pas une assurance tous risques ! Un·e franchisé·e reste un·e entrepreneur·se indépendant·e.