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Par 35 dirigeant.es de PME et ETI de la French Fab, un label créé par Bruno Le Maire avec Bpifrance en 2017.

Nous relayons une initiative sensible, rare, éclairée, de 35 dirigeant.es qui prônent un rapprochement entre entreprises trop souvent isolées par leur taille même. Il est temps de parler de tissu entrepreneurial, qui suppose un assemblage voulu et maîtrisé des forces productives.

Face à la crise de la covid-19, les PME et ETI industrielles ont su s’adapter rapidement aux besoins et apporter des solutions aux grands groupes industriels. Aujourd’hui, ces entreprises, dont le système est agile mais fragile, doivent être accompagnées et aidées en priorité.

Pendant la crise, les PME et ETI industrielles françaises de la French Fab ont su réorienter leurs lignes de production vers les biens stratégiques et les équipements sanitaires nécessaires aux Français.es. Elles ont également inventé de nouvelles formes de solidarités locales.

Cependant, la période qui s’annonce est beaucoup plus complexe. Les PME et ETI industrielles qui offrent des solutions aux grands groupes industriels sont particulièrement exposées. Ces entreprises constituent les bataillons de la recherche et développement et contribuent fortement à l’équilibre de la balance commerciale française. Selon la Fédération des industries mécaniques, ces PME et ETI représentent 30 000 entreprises et 616 000 salariés (1er employeur industriel de France). Il est indispensable de les préserver en priorité.

Flécher uniquement l’accompagnement et les aides publiques vers les grands groupes industriels serait une erreur. Le renforcement des filières industrielles dites « verticales » – indispensable pour relocaliser les activités économiques stratégiques du pays – doit s’accompagner d’une politique industrielle horizontale transectorielle.

Sans cela, les grands groupes industriels clients seront tentés de répercuter la pression qu’ils subissent sur leurs fournisseurs. Ils pourraient ainsi, sous couvert d’une baisse de prix pour le consommateur final, faire supporter les hausses de coûts à ces PME déjà fragilisées.

La crise de la covid-19 a déplacé les curseurs et nourri les aspirations à consommer plus local, plus durable, plus responsable. Il faut aujourd’hui en tenir compte. Dans cette période inédite, la réponse est sous nos yeux : il suffit d’observer les PME et les ETI, pourvoyeuses d’emplois durables au cœur des territoires, pour comprendre que la solution passe par un maillage plus étroit entre elles et les grands groupes. Il existe de nombreuses propositions pour le « monde d’après », la nôtre est une solution de bon sens et de long terme pour rendre ce maillage industriel plus fertile et plus résilient.

Travailler ensemble – PME, ETI et grands groupes – vers plus de local et d’emplois non délocalisables
Ce new deal pourrait s’incarner au travers de trois engagements forts. D’abord, faire évoluer la conception de la Responsabilité sociale et environnementale, pour en faire non plus un choix variable et flou de critères émis par les entreprises, mais un indicateur RSE « aller-retour » qui intègre la nature du lien avec les sous-traitants et la manière dont les entreprises stimulent et soutiennent leur écosystème. Une notation par une plate-forme indépendante permettrait par exemple à la fois d’objectiver le lien et d’aider les grands groupes à piloter l’intégration de leur chaîne de valeur.

Ensuite, mettre en œuvre une politique d’achat responsable qui garantisse une part d’achat à l’échelle locale et respecter davantage les délais de paiement. Les PME et ETI industrielles doivent être des partenaires des grands groupes. Au plus près des territoires, des consommateurs, des comportements et des usages, elles sont capables d’agilité et savent rapidement créer des alliances.

Enfin, anticiper et travailler ensemble – PME, ETI et grands groupes – les grands changements d’opinion vers plus de local et plus d’emplois non délocalisables, et l’évolution de la réglementation comme l’instauration d’une taxe carbone aux frontières. Il est temps de poser la question de la relocalisation des chaînes de production des grands groupes en France et en Europe. La crise covid-19 nous a prouvé le caractère stratégique de la logistique et de la capacité à produire vite, localement et avec de hauts standards de qualité et en respectant la réglementation française et européenne.

Nous sommes convaincus qu’un new deal entre PME et grands groupes industriels est inscrit dans l’ADN du monde de demain. Il est temps de reprendre la maîtrise d’un destin commun français.

Les signataires : dirigeants de PME et ETI de la French Fab

Céline Bourdin, Groupe Cgmp, Erwan Coateana, Sodistra, Emmanuel Couraud, Valantur, Guy Crozet, Ami, Laura Ferry, VD Industry, Stefan Ghirardello, Ambiance Bain, Céline Gris, Gris Group, Jean-Louis Jarry, Vlad, Yann Jaubert, Alfi Technologies, Agnès Jullian, Technilum, Étienne Léa, Captels, Philippe Lhoste, Erelia, Jean, Louis Louvel, PGS, Damien Marc, JPB Système, Nicolas Masson, RBL Plastiques, Corinne Molina, Mader, Yves Noirot, Fonderies De Sougland, Laurent Pelissier Rapinat, ECM Technologie, Juliette Freudigier, Loxos, Gérard Russo, Ventana, David Soulard, Meubles Gautier, Alexandre Souvignet, Alphi, Philippe Véran, Upperside, Bruno Voland, Tra-C Industrie, Sylvie Guinard, Thimonnier, Estelle Le Pape, MCA Process, Rodolphe Roy, ATS, David Simonnet, Axyntis, Vincent David, Sophia Conseil, Hervé de Maillard, MGA Technologies Ocapex, Glen Desmousseaux, Amzair Industrie, Alexandre Lacour, Someflu, Christian Curel, I2A, Jean-Marc Barki, Sealock, François Pfister, Groupe Pfister

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