Entreprendre en famille, une bonne idée ou pas ?

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C’est l’un des « cartons » français de Netflix ces dernières années : Family business, série loufoque où un Gérard Darmon et un Jonathan Cohen dans la peau de bouchers familiaux se reconvertissent en barons de la drogue. Si le pitch de la série a de quoi faire rire, en témoignent les records d’audience de la troisième saison de la série sortie cet automne, sous ses airs potaches l’équipe de Family business met en scène une réalité bien présente dans l’écosystème entrepreneurial français : l’entreprise familiale.

Pour prendre toute la mesure de ce phénomène, une plongée dans les chiffres s’impose.

Parmi les PME et ETI en France, 35 % sont des entreprises familiales, a ainsi analysé la BPI en 2016. Des affaires de famille, donc, qui se transmettent également en famille, puisque 59 % de ces mêmes entreprises n’ont jamais ouvert leurs capitaux à des personnes en dehors du cercle familial.

 

Une base solide

Et l’entrepreneuriat en famille représente un vrai gage de succès. Une étude du Boston consulting group montrait ainsi en 2014 que les entreprises familiales étaient celles qui résistaient le mieux à la crise. « En période de crise, les entreprises familiales font preuve d’une solidité nettement supérieure à celle des autres groupes et affichent de meilleurs résultats », détaille Alain Bloch, coauteur de l’étude. Raisons invoquées de cette résilience face à l’adversité ? « La combinaison de l’entreprise et de la famille pose une imbrication qui combine deux trajectoires. L’une est économique et touche à l’évolution du projet, l’autre est humaine et relève de la succession des dirigeants familiaux, analysent Christiane et Kristen Cadiou, auteurs d’une étude sur le sujet. Le maintien d’une unité familiale propose de déjouer des risques relatifs à la perte d’influence provoquée par une distanciation des liens. » En clair, la famille est un socle, durable, et les hauts et les bas de la vie entrepreneuriale n’ont que peu d’impact sur la solidité des liens qui structurent une famille.

 

Des réussites notoires

Un constat partagé par Vianney Mulliez, président du groupe Auchan, exemple par excellence d’une saga familiale durable. Interrogé lors du salon Osons la France, il détaillait les clés du succès d’une entreprise familiale : « Au sein d’une structure familiale, les gens se sentent responsables du devenir de l’entreprise. Or, ce n’est pas forcément le cas lorsque les actionnaires de la société sont de passage. »

En France, de nombreux autres exemples d’entreprises familiales donnent de l’espoir sur la capacité d’une même tribu à mener une aventure entrepreneuriale commune et fructueuse. Il en va ainsi de Lactalis, fondée au début du xxe siècle par André Besnier et qui est le leader sur le marché des produits laitiers. Si l’entreprise a connu de nombreuses mutations depuis son lancement, elle est restée au fil des années sous la houlette de la famille Besnier qui contrôle encore la totalité du capital de l’entreprise et qui avait enregistré en 2015 un chiffre d’affaires de 17,5 milliards d’euros.

 

Trouver l’équilibre entre vie pro et vie privée

Mais quel est le secret des aventures entrepreneuriales familiales réussies ? Pour Anne Juvanteny, coach et auteure de l’ouvrage Travailler en famille avec plaisir (Interéditions), « l’entreprise familiale, après avoir été boudée pendant des décennies, est en train de devenir un modèle de la société contemporaine. L’autofinancement, la gestion de bon père de famille sont devenus des gages de succès. Tandis que le paternalisme, comme moyen de préserver l’engagement et de mettre l’accent sur l’épanouissement des individus, retrouve ses lettres de noblesse dans un contexte général de désenchantement des salariés des groupes du CAC 40. » En clair, c’est la capacité des entreprises à faire preuve de prudence et à donner un cadre épanouissant à leurs employé·es qui augure des succès entrepreneuriaux.

Prudence, tout de même avant de s’engager dans une aventure entrepreneuriale en famille, puisqu’elle risque parfois de mal tourner. C’est l’amère expérience d’Anne-Marie, chauffeuse de taxi de 40 ans en Champagne-Ardenne. “J’étais associée à mon mari dans une boulangerie que nous avons montée ensemble, explique-t-elle. Si ce projet représentait l’aboutissement de notre vie professionnelle, il a signé la fin de notre vie de couple.” Temps de travail à rallonge, empiètement sur la vie privée ; l’entrepreneur qui décide de lancer son business en famille doit penser à équilibrer plus que jamais vie privée et vie professionnelle.

 

 

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