Prêts garantis : à la fin, qui paiera ?

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Avec 300 milliards d’euros de prêts garantis, la France tente de sauver ses entreprises.

Ne laisser personne sur le bord de la route. Le 16 mars, le président de la République, Emmanuel Macron, a exprimé sa volonté de venir en aide à toutes les entreprises – ou presque – qui se retrouveraient à l’agonie face à la crise covid-19. Remède miracle, le PGE – Prêt garanti par l’État – une aide financière, sous forme d’un prêt bancaire, d’autant plus distribué, calcule-t-on, que l’État en garantit le remboursement : les banques sont à l’abri de toute surprise ou presque.

Prêt garanti par l’État, quelles conditions ?
Une activité à l’arrêt ou presque et nombre d’entreprises, notamment celles du transport aérien, les constructeurs automobiles – et tant d’autres –, se sont retrouvées au bord de l’implosion. Même les plus grandes : Renault, Air France-KLM ou plus récemment Maisons du Monde. Un prêt garanti par l’État de 5 milliards d’euros pour le Losange, 4 milliards d’euros pour la compagnie aérienne – couplé à un prêt d’actionnaire de l’État français de 3 milliards – et Maisons du Monde, plus modeste, avec ses 150 millions d’euros de PGE. Ces trois entreprises ont un point en commun : l’État s’est porté garant auprès des établissements bancaires qui ont financé le prêt. Généralement, la garantie se situe à hauteur de 70 à 90 % (selon la taille de l’entreprise) du montant initial prêté. Un risque minimisé pour les banques donc – pas inexistant non plus –, moins pour les finances publiques et les entreprises. D’abord parce qu’un prêt suppose le remboursement. Si, durant la première année, aucun acquittement ne sera exigé, les entreprises devront ensuite choisir d’étaler leur remboursement sur cinq ans au maximum.

Le montant du prêt n’est pas laissé à la libre volonté de l’entreprise : il pourra atteindre trois mois de chiffre d’affaires. « Ce dispositif s’inscrit dans le pont aérien de cash que nous avons déployé pour que l’entrepreneur.euse puisse obtenir, en prêt, l’équivalent de trois mois de chiffre d’affaires, qu’il.elle n’a pas pu réaliser », a précisé Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance. Pour les start-up, dans la mesure où le chiffre d’affaires s’avère réduit, un autre critère est retenu : un prêt à hauteur de deux années de masse salariale hors cotisations patronales.

PGE, risque zéro ?
Une folie des grandeurs payée au prix fort ? En usant de prêts garantis, l’État fait l’hypothèse d’un remboursement futur des entreprises. Un pari risqué, car si une aide des pouvoirs publics se révèle essentielle pour relancer l’économie, penser que toutes les entreprises emprunteuses rembourseront à terme relève de l’utopie. Certaines feront faillite, c’est inévitable. L’État se devra d’assumer l’endettement public qui en découlera – on annonce déjà une dette publique à hauteur de 115 % du PIB –, un argument jugé absurde pour tout esprit keynésien. Mais tout de même.

Et au-delà des frontières ? Parmi l’ensemble des pays européens, la France détient la première place des prêts garantis par l’État. Avec une enveloppe initiale de 300 milliards d’euros, l’État français a pour l’instant accompagné 490 000 entreprises pour un total de 93 milliards d’euros accordés. Dans le même temps, l’Allemagne affiche 28 milliards d’euros de PGE, l’Italie 22 milliards, l’Espagne fait un peu mieux avec 63 milliards d’euros versés à plus de 500 000 entreprises. La France sème ses graines et n’a plus qu’à espérer que la récolte soit bonne. GW

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