Temps de lecture estimé : 3 minutes
Masques, gel, respirateurs, consommables médicaux produits en temps record par les entreprises françaises.
Pris de court… C’est le moins que l’on puisse dire. Si l’« affaire des masques », comme se dénomme désormais l’imprévoyance des pouvoirs publics, n’en a pas fini de susciter les polémiques d’après déconfinement – on reprochera forcément au gouvernement, non pas tant l’économie « rationnelle » de la mandature Hollande que son mensonge initial –, au moins reconnaîtra-t-on la capacité incroyable de l’industrie française, des grands groupes aux PME, à se mettre à produire en un temps record des équipements pas si artisanaux qu’un simple masque.
« Au début de la crise, les besoins étaient dix fois supérieurs à la production française, explique à La Tribune le directeur général de France Industrie, Vincent Moulin Wright. Depuis, la France a triplé la production de masques. »
Masques : production multipliée par trois
Les masques FFP1 et 2 étaient produits en France à raison de 3 millions de pièces par semaine, sous la houlette de quatre entreprises minuscules aux côtés de géants asiatiques capables de « sortir » des milliards de masques dans le même temps. Le made in France doit tourner désormais autour de 6 millions, grâce à la réouverture de lignes d’anciens fabricants et l’apparition de nouveaux industriels, comme à l’adaptation du groupe Michelin à la fabrication d’une nouvelle génération de masques FFP2, bien sûr tirés du caoutchouc des pneus (quelques millions d’exemplaires, annonce la firme de Clermont-Ferrand). La filiale de PSA Faurecia, équipementier auto, s’est mise elle aussi sur les rangs.
Ce sont des centaines de PME et d’ETI du textile, de l’habillement et de la mode qui se sont inscrites dans la production de masques textiles de catégorie 2, chirurgicaux et grand public. On part de loin, puisque la France n’en produisait pratiquement pas. Le rendement est passé en 15 jours à 6 millions de masques par semaine, avec un objectif de 10 millions d’unités lavables. On reste encore loin des besoins, estimés à 100 millions de masques par semaine.
Gel hydroalcoolique, production multipliée par dix
On produisait en France 50 000 litres du mélange aseptisant par jour, on doit en être à 500 000 litres. Si l’on sait qu’avant crise la consommation était de l’ordre de 450 000 litres pour le public et 4 millions dans les hôpitaux, on mesure l’échelle de la réaction.
Ce sont des entreprises du luxe et de cosmétiques qui sont venues épauler les chimistes, les producteurs de détergents et de désinfectants, les entreprises alimentaires, les fabricants de peinture ou d’alcool qui se sont en partie reconvertis à la demande (LVMH, L’Oréal, Shiseido…). La filière chimie, plus attendue que le luxe, a mobilisé grands groupes, ETI et PME pour produire 100 000 litres par jour, le besoin de quelque 100 hôpitaux publics. L’adaptation des producteurs d’alcool agricole – n° 1 en Europe – qui fournissent 5 millions de litres par jour d’alcool éthylique (éthanol), composant essentiel du gel, fut immédiate.
Respirateurs, matériels de protection : de nombreuses initiatives
Les autres équipements de protection comme les charlottes et les surblouses se sont très vite révélés aussi vitaux que les masques et le gel. Les emballeurs ont emballé les soignant/es, à l’image du groupe d’emballages ménagers Sphère lancé dans la production de 10 millions de surblouses et manchettes pour les hôpitaux. La confection s’est organisée pour produire des blouses en coton lavables. La plasturgie a conçu en un temps record des visières plastiques en remplacement des lunettes. Mais elle n’a pas été en mesure de répondre à l’autre besoin vital de gants, à 100 % en provenance d’Asie ou presque.
Ce qui n’est pas le cas pour les respirateurs, marché où le français Air Liquide comptait déjà pour un géant. Il a décuplé sa production, engagé dans un consortium Air Liquide, Schneider Electric, Valeo et PSA. Air Liquide s’associe du reste à des intégrateurs industriels de l’automobile et de l’électroménager quand le Cnes (Centre national d’études spatiales) s’attaque à des prototypes à multibranchement. On n’oubliera pas l’impression 3D des mécaniciens et des plasturgistes qui fabrique des valves pour respirateurs…