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L’argent ne fait pas tout, mais quand même…
Bonne entente avec le franchiseur, local dégoté, concept léché… Tout cela n’est rien sans un financement non plombant…
Le financement se construit bien souvent en même temps que le projet. Il peut s’obtenir par plusieurs biais, et fait l’objet d’échanges réguliers avec le franchiseur, ainsi que le banquier qui va venir accompagner le franchisé.
L’apport, le prérequis
Une grande majorité de franchiseurs ne considère un candidat à la franchise que s’il apporte dans l’affaire au mois 30% des fonds nécessaires. Si cette règle est plus un usage qu’une obligation, beaucoup de franchiseurs considèrent qu’en deçà de ce montant, le candidat n’est pas sérieux. Mais le montant du pourcentage de l’apport va également dépendre des secteurs d’activité : pour espérer ouvrir une franchise dans la restauration, par exemple, apporter 20% des sommes suffit ; dans le secteur des services à la personne, compter plutôt 50%. Cela s’explique par les sommes engagées qui sont, notamment, beaucoup plus élevées dans la restauration. En règle générale, le montant des apports varie entre 50 000 et 250 000 euros. L’entrepreneur doit donc mettre de côté avant de lancer son projet. Mais d’autres moyens existent si celui-ci n’arrive pas à réunir les sommes de départ. D’abord, ce que l’on appelle le « love money », c’est-à-dire faire appel à son entourage pour obtenir une partie de l’apport. Cet argent n’étant pas octroyé par des professionnels du financement, ne donnant pas lieu à un remboursement échelonné, il peut venir renforcer l’apport du candidat.
Echanger avec son banquier
Une autre façon de gonfler son apport est de faire appel à des subventions ou à des aides de la région ou des collectivités. Mais comment s’y retrouver parmi toutes les aides qui existent et qui changent selon les régions ? Pour cela il existe des moteurs de recherche spécialisés : apce.fr, guichet-entreprises.fr, aides-entreprises.fr ou encore les-aides.fr recensent toutes les aides publiques à disposition des entrepreneurs, ainsi que les dispositifs fiscaux. Ces sites facilitent la vie de l’entrepreneur, mais celui-ci ne doit pas négliger les professionnels sur place qui peuvent l’aguiller. Le banquier, par exemple, peut lui aussi conseiller le futur franchisé sur les aides auxquelles il peut prétendre dans le cadre du financement de son projet, comme nous l’explique Caroline Lucas, Directrice de la franchise et du commerce associé au Crédit du Nord. « Dans le cadre de la présentation de son projet, l’entrepreneur rencontre l’interlocuteur bancaire. Au cours de cet échange, le conseiller bancaire accompagne et guide le porteur de projet pour trouver les aides spécifiques, notamment régionales, grâce à son ancrage et implication dans le tissu économique local ». Le banquier pourra donc orienter le porteur de projet vers les chambres de commerce, ou même vers les réseaux d’entrepreneurs. Echanger avec son banquier est primordial dans le cadre de sa création de projet. C’est lui qui va décider de suivre ou non le porteur de projet, et de lui octroyer les fonds restants pour se lancer. Pour cela, ne pas hésiter à se tourner dans un premier temps vers le franchiseur. Beaucoup de franchiseurs sont en relation avec plusieurs banques, connaissent leurs bonnes pratiques et peuvent orienter le franchisé. Certaines banques, de leurs côtés, ont développé un pôle dédié à la franchise, comme le Crédit du Nord, afin d’entretenir les relations avec les franchiseurs et assister les agences du groupe sur ce type de financement spécifique. « Dans un premier temps, l’échange avec le porteur de projet va permettre de regarder la motivation et l’implication de celui-ci, explique Caroline Lucas ; cet échange va également permettre de se mettre d’accord sur la faisabilité du projet et l’intervention telle qu’on souhaite la mettre en place au sein du groupe Crédit du Nord ». Le banquier fait-il attention à certains points spécifiques ? « Nous sommes vigilants sur deux choses, il faut d’abord que le porteur de projet ait bien identifié tous ses besoins, à court terme et à moyen terme. S’il se lance dans une activité saisonnière, par exemple, comme la vente de glace, il faut qu’il soit capable d’identifier et de quantifier la baisse d’activité en hiver en raison de ses besoins de trésorerie sur cette période. Nous faisons également attention à ce que le porteur de projet soit lucide, c’est-à-dire qu’il soit transparent dans la présentation à la fois des atouts mais aussi des faiblesses de son projet. Le dialogue est central entre le conseiller et l’entrepreneur, dans le cadre de notre intervention. C’est notre ADN ». Un financement qui s’étale généralement sur toute la durée du contrat qui engagent le franchiseur et le franchisé.
Les alternatives
Mais le prêt bancaire peut être refusé, l’apport rester trop faible ou le franchisé se montrer réticent à l’idée d’investir toutes ses économies dans son projet. Pour pallier ce dernier point et mettre toutes leurs chances de leur côté afin d’attirer les meilleurs profils, certains franchiseurs ont franchi le pas et se sont lancés dans la franchise participative. C’est-à-dire que le franchiseur prend une participation au capital du franchisé. Si la pratique est loin de faire l’unanimité, notamment parce qu’elle enlève au franchisé une partie de l’indépendance qu’induit généralement ce système, cette dernière permet parfois à certains profils motivés mais peu financés de se lancer. Faire appel aux internautes, via le crowdfunding, peut également être un moyen d’obtenir une partie des financements manquants. Attention cependant à bien choisir votre plateforme, celles proposant de bénéficier de dons, ou de financements en échange de gratifications en nature ne sont pas les plus adaptées pour la franchise. Lendix, Lendopolis, ou d’autres, permettent, elles, d’accéder à un financement par emprunt directement auprès de particuliers. Une solution à évoquer avec son banquier car elle vient rajouter des échéances de remboursement. La micro-franchise, enfin, peut également être un moyen de se lancer en franchise en investissant au maximum 10 000 euros. Lancée par l’Adie en 2014, elle a pour but d’ouvrir aux personnes éloignées du marché du travail la possibilité d’entreprendre, via un concept qui a déjà fait ses preuves. Les espaces sont plus petits, généralement en centre-ville, mais attention, il faut rester très vigilant pour s’assurer que les services du franchiseur ne sont pas réduits en même temps que l’investissement initial.
Nicolas Pagniez