Ces franchises qui s’ouvrent à la campagne…

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S’agit-il d’une vague passagère ou d’une tendance de fond ? Toujours est-il que depuis le premier confinement on observe, en France, une hausse des transactions immobilières à la campagne. En 2020, les achats de maison à la campagne ont grimpé de 6,6 %. Une hausse qui devrait se confirmer pour l’année 2021. Du coup, quantité d’enseignes en réseau se découvrent une vocation rurale…

 

Raison principale à cette « migration » invoquée par les experts du secteur ? Une envie de changement de mode de vie. « Nombreux sont nos concitoyens qui souhaitent aujourd’hui changer de lieu de vie et de façon de vivre, qui ont la volonté de quitter les grandes métropoles quelles qu’elles soient pour aller dans des villages et des villes moyennes », note Emmanuel Hyest, président de la FNSafer, la Fédération nationale des Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural, sous tutelle de l’Agriculture et des Finances. Pour l’expert, la tendance se veut durable. En témoigne l’augmentation de la moyenne d’âge d’achat (autour des 44 ans) qui signe la migration de personnes mieux installées dans la vie active et en quête d’un renouveau tant personnel que professionnel. Mais pour autant, le profil de ces néoruraux n’est pas celui de personnes en plein bouleversement professionnel et désireuses de changer de vie. « Est-ce qu’ils seront agriculteurs demain ? poursuit Emmanuel Hyest. Dans la majorité des cas, on souhaite vivre à la campagne, vivre différemment, mais on ne devient pas agriculteur. » Et le président de la FNSafer de préciser que « de nouveaux services devraient se développer très rapidement ». En clair, avec l’augmentation des besoins, c’est le bon moment pour se lancer dans une franchise à la campagne… À condition, tout de même, de respecter quelques précautions.

 

Une analyse précise de la géographie et des activités

Le premier point, il est primordial, est d’analyser les besoins du secteur géographique où vous souhaitez vous implanter. « L’avantage et l’inconvénient de lancer une franchise à la campagne c’est que bien souvent il y a peu de concurrence, analyse Sabrina Bernard, consultante senior franchise chez Axes Réseaux, un cabinet qui accompagne les franchiseurs. Il convient de mener une étude de marché assez poussée pour savoir quels sont les besoins dans la localité où vous souhaitez vous lancer et surtout quel est le trafic autour. »

Les dernières analyses de l’Insee sont, à ce sujet, très éclairantes. Plus d’une commune rurale sur deux ne dispose plus aujourd’hui de commerce de proximité. En moyenne, les habitants doivent parcourir 2,2 kilomètres pour trouver une boulangerie. « L’idée, lorsqu’on lance une franchise à la campagne, c’est véritablement de faire de son point de vente un lieu de destination, creuse Sabrina Bernard. Il s’agit de générer une attractivité suffisante pour que les clients aient envie de se rendre dans votre franchise. » Le choix du réseau dans lequel s’inscrire est donc primordial pour la consultante d’Axes Réseaux. « Il faut une marque qui soit suffisamment forte pour drainer du monde et qui corresponde aux besoins de la population. »

 

Le facteur social, essentiel pour se lancer

Mais un autre facteur est également à prendre en compte pour implanter sa franchise à la campagne, celui du milieu social, relationnel et associatif de la zone où l’on s’implante. Pendant longtemps, Xavier du Crest (aujourd’hui directeur France de Handicap International) a travaillé pour des réseaux d’enseignes. Des équipementiers de la maison aux piscinistes en passant par des enseignes de supermarché, il a accompagné de nombreux franchiseurs dans leur déploiement. Et son constat est sans appel. « Dans les espaces ruraux, tout le monde se connaît et les réputations se font et se défont très rapidement. Dans le domaine de l’artisanat, par exemple, la rumeur bat son plein. Si un artisan local veut reprendre une franchise, le franchiseur a tout intérêt à connaître sa réputation locale. » Pour l’expert, l’ouverture d’une franchise à la campagne passe avant tout par une bonne connaissance du tissu social local. « L’étude quantitative est très importante pour le lancement d’une franchise rurale, mais une étude qualitative approfondie sur les habitants de la localité est également essentielle. » Ce qui passe, notamment, par le soutien aux initiatives associatives, sociales et culturelles locales.

 

Se retrouver aux Comptoirs

Pour faire face à la fermeture de commerces et dans le même temps répondre aux besoins des néoruraux, de nouveaux concepts de franchises voient le jour qui présentent de bonnes perspectives pour le candidat du retour au village. C’est le cas des Comptoirs de campagne, une chaîne d’épiceries locales qui propose de nombreux services. À l’origine du projet en 2015, la prise de conscience d’un vrai manque pour les habitants d’endroits où se retrouver, échanger et consommer. « Nous avons conçu les Comptoirs de campagne avant tout comme des épiceries où les habitants vont retrouver tous les produits dont ils ont besoin, qu’il s’agisse de l’épicerie des fruits et légumes ou d’autres produits de consommation », explique Pierre Cohin, responsable marketing et communication de l’enseigne. Mais la particularité des Comptoirs réside dans le développement de services annexes. « Si la zone d’implantation ne dispose pas de boulangerie, nous proposons des dépôts de pains. Nous pouvons également servir de relais postal et même de bistrot pour inviter les habitants à se retrouver. » Et le concept fonctionne. Depuis l’ouverture du premier Comptoir en 2015, ce sont une quinzaine qui se sont lancés dans toute la France. « Nous avons pour logique d’essayer de regrouper un maximum les Comptoirs pour concentrer certaines fonctions et décharger celles et ceux qui gèrent les lieux afin qu’ils et elles retrouvent un meilleur équilibre entre vie pro et vie privée. » Le point fort de l’enseigne ? Un vrai lien avec le tissu local, notamment municipal, qui assure une belle visibilité au développement des points de vente. « Pour l’année à venir, nous avons de belles ambitions de développement que nous allons concrétiser à travers des appels à projets. » Preuve, s’il en fallait une, que les franchises rurales ont de beaux jours devant elles.

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