Hauts-De-France : Des défis singuliers à relever

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Les territoires du nord ne sont a priori pas les premières destinations auxquels songent les réseaux de franchises en quête de développement. Peut-être à tort…

Les territoires du nord de la France seraient-ils en train de trouver une nouvelle jeunesse économique ? Certes, à l’évocation des Hauts-de-France, les corons, les exploitations minières s’invitent comme par réflexe dans les esprits, tout comme le désert industriel qui a succédé à des décennies fastes. Mais aujourd’hui, les indicateurs économiques retrouvent le sourire. En 2016 par exemple, sur plus de 30 000 emplois créés ou sauvegardés grâce à des investissements étrangers, près de 5 000 l’ont été dans les Hauts-de-France. Grâce à une centaine de projets internationaux, essentiellement d’origine américaine, la région s’est hissée au deuxième rang des régions les plus attractives de l’Hexagone, juste derrière l’Île-de-France. Une tendance qui témoigne de l’attractivité de la région pour les acteurs internationaux, notamment dans les secteurs industriels et logistiques. Une activité qui se traduit par une hausse de la consommation locale et par de nouvelles opportunités pour des franchiseurs.
Grégory Stanislawski, directeur adjoint des études à la CCI des Hauts-de-France, souligne que « le territoire du Nord-Pas-de-Calais notamment est intéressant en terme d’implantations commerciales dans la mesure où il se caractérise par une densité de commerces rapportés à la population inférieure à la moyenne nationale, quels que soient les secteurs d’activité concernés. » Plus largement, l’ensemble de la région connaît par ailleurs un fort développement touristique. En tant que zone frontalière, bon nombre de consommateurs dans les boutiques proviennent de Belgique ainsi que d’Angleterre. Grégory Stanislawski ajoute aussi que « de nombreuses initiatives comme Nausicaa, le Centre national de la Mer, et plus grand aquarium d’Europe, ainsi que d’autres développements sur la Côte d’Opale, contribueront à accroître les fréquentations et donc la consommation locale. » Parmi les autres atouts des Hauts-de-France figure la position stratégique. « Nous sommes une population jeune avec un désir fort de créer de l’activité, comme en témoigne les résultats constatés par le salon Créer », poursuit-il.

Lille, entre opportunités et obstacles

La capitale des Flandres reste plus que jamais une terre de potentiels pour la restauration rapide, les magasins de proximité, de l’alimentation générale, les services à la personne, les services aux entreprises, les services relatifs à l’environnement, ainsi que le fitness. La proximité de Paris, Bruxelles et Londres contribuent à maintenir un niveau de consommation global élevé et explique en partie cet engouement vers de nouvelles enseignes. Autre élément favorable : les défaillances d’entreprises à Lille et ses environs sont plus faibles que dans la plupart des autres territoires de l’Hexagone.
Certains quartiers en particulier sont décrits comme des zones d’avenir comme le quartier Bois Blanc à l’ouest, ou Fives à l’est. Le contexte concurrentiel peut parfois compliquer les décisions d’implantation. Les experts locaux recommandent toutefois aux candidats à la franchise de ne pas jeter l’éponge trop rapidement. Les réseaux élaborent des études fines qui apportent des conclusions précieuses, apportant des informations précieuses pour savoir si un défi vaut la peine d’être relevé. L’activité commerciale est par ailleurs très riche à l’extérieur de la métropole, dans le quartier Moulins, et notamment de la porte d’Arras à la Porte de Valenciennes. Des territoires qui semblent arriver à saturation.
Les réalités économiques et sociales des environs forment cependant des freins au lancement de certains projets. Difficile d’être confiant à l’idée d’ouvrir une nouvelle boutique lorsqu’on sait que le taux de chômage dans le Nord supérieur à la moyenne nationale qui lui-même n’est pas vraiment exemplaire. De fortes inégalités économiques subsistent entre les quartiers, même si des développements ont pour objectif de gommer cet écueil. L’accès à l’immobilier représente un autre problème non négligeable. Il peut être long de trouver un espace commercial, et le niveau des prix ne facilite pas vraiment les démarches. Débourser près de 1 500 euros par an hors taxe par mètre carré est parfois nécessaire dans le Vieux Lille. Les prix se situent souvent autour des 2 000 euros dans la rue de Béthune, en plein centre de la ville.

La Picardie, des atouts oubliés

Qui a dit que le territoire picard se réduisait à de vastes étendues de betteraves et à un désert commercial ? Heureusement, les chiffres sont là pour tordre le coup aux idées reçues. En 2015, alors que la configuration nationale comptait encore 22 régions, la Picardie s’était hissée à la deuxième place au baromètre du dynamisme de la franchise en régions réalisé par le cabinet de conseil Territoires et Marketing. Une performance essentiellement liée à une importante percée dans les secteurs du commerce spécialisé et du domaine « Automobile, Cycles, Motos ».
Aujourd’hui, le territoire continue d’accueillir de nouveaux points de vente, comme ceux de Tryba, le spécialiste des fenêtres, portes et volets. En plus des nouvelles implantations dans le département du Nord, à Cambrai, Dunkerque et Douai, la marque poursuit son maillage avec des ouvertures récentes à Amiens et Abbeville dans l’Oise. Le secteur de l’immobilier s’intéresse lui aussi à la Picardie. Le réseau d’agences Espaces Atypiques y ouvrira une nouvelle boutique cette année. Il dépassera d’ailleurs en 2018 le cap des 30 boutiques, alors que la marque a enregistré en 2017 une augmentation exceptionnelle de son chiffre d’affaires de 91 %. Les services à la personne recèlent également un potentiel intéressant localement, à l’instar de Adhap Services qui a récemment inauguré une nouvelle implantation au sein de l’agglomération abbevilloise.
A noter qu’une filière industrielle autour de la robotique et des systèmes embarqués se développe depuis quelques années sur le site de l’agglomération de Saint-Quentin, dans le département de l’Aisne, contribuant ainsi à mettre en lumière une zone restée peu attractive par le passé. Des opportunités sont peut-être à venir dans cette zone.

L’innovation, nouveau relais de croissance ?

Avec l’appui du PICOM (Pôle de compétitivité des industries du commerce) basé dans les Hauts-de-France, de nouveaux projets commerciaux intégrant les potentiels amenés par les technologies voient le jour. Des développements qui intéressent de près des réseaux de franchise, comme l’enseigne Eram. Sur l’un des projets initiés récemment, intitulé Atelier 27, la marque a pu mettre sur pied une offre innovante de personnalisation de chaussures. L’idée est de proposer au client la production d’une paire de chaussures personnalisées en une heure seulement, grâce à une technique d’impression 3D. « Avec le PICOM, nous avons rapidement pu expérimenter ce concept novateur, en sourçant les interlocuteurs dont nous avions besoin. 6 mois seulement ont suffi pour élaborer un POC (Proof Of Concept) et procéder à des tests dans deux magasins dans des conditions réelles », confie Renaud Montin, directeur marketing et digital de l’enseigne Eram.
Le projet de WhatANicePlace, une plateforme d’assistance shopping et décoration personnalisée en ligne, risque lui aussi d’intéresser de nombreuses marques à l’avenir. Elle a récemment mené une initiative en partenariat avec l’INRIA et Leroy Merlin, également dans le cadre du PICOM, qui visait à concevoir un outil permettant la visualisation des produits de décoration et d’aménagement intérieur dans le contexte réel de son domicile, par l’intermédiaire de l’exploitation de photos. Grâce à sa connaissance des écosystèmes, le PICOM fait collaborer les acteurs ayant des intérêts communs, soucieux d’innover et d’accélérer des projets prometteurs. La présence d’acteurs de la distribution en son sein est bien sûr un atout précieux.

Des accompagnateurs précieux

Certains réseaux s’impliquent par le biais d’événements dédiés pour développer le marché, à l’image de Guy Hoquet l’Immobilier qui organise des Petits Déjeuners de la Franchise à Lille qui sont susceptibles d’intéresser tous les profils de candidats à la franchise désireux de se lancer dans une aventure dans l’immobilier. Avec le soutien de la CCI Grand Lille, le Franchise Club Business forme un autre levier pour disposer d’aides pour les réseaux, notamment pour trouver des emplacements porteurs. Des experts sont disponibles et peuvent jouer un rôle d’accélérateur de projet.
L’un des événements incontournables est également le salon lillois annuel Créer, qui accorde une large place à la franchise sous toutes ses formes. Les candidats à la franchise y trouvent des conseils et bonnes pratiques pour se faire accompagner, se faire financer, ou passer un cap dans son développement. L’événement jette une lumière toute particulière sur la découverte des réseaux et de leurs ambitions, ainsi que sur les experts du domaine. Plus généralement, les Hubhouses, consacré au développement de la culture entrepreneuriale auprès des étudiants jouent un rôle essentielle pour stimuler ce type d’initiatives et intégrer des réseaux.

Mathieu Neu

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