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En grandes pompes
Le secteur rime généralement avec réticence et peur de la mort. Cependant, le funéraire attire les franchisés, même les très jeunes. Exemple.
Jouissant d’une forte expérience de 30 ans aussi bien dans le domaine de la franchise que dans le secteur funéraire, Sandrine Thiéfine a racheté le réseau de franchise Pompes Funèbres de France en mars dernier. Elle a débuté sa carrière en 1988 comme comptable chez OGF-PFG, évoluant ensuite dans différentes fonctions jusqu’en 2003. En 2005, elle est devenue la directrice commerciale France du Groupe Roc Eclerc, fraichement repris à l’époque par le groupe de Capital Investissement Argos-Soditic. Directrice générale adjointe en charge du développement et des opérations en 2008, puis directrice générale du groupe en 2009, elle a été nommée présidente du groupe par le président d’Argos-Soditic en juillet 2010. En 2012, un nouvel actionnaire majoritaire, lui a accordé sa confiance pour poursuivre le développement du réseau. Une mission que Sandrine Thiéfine a relevé haut la main. En effet, de 2005 à 2015, elle a réussi à doubler le réseau en nombre de magasins pour un chiffre d’affaires de 150 millions d’euros et près de 2 500 salariés, tout en créant des liens de confiances avec l’ensemble des franchisés. En 2015, elle a souhaité quitter le groupe au moment de la cession. C’est alors que l’entrepreneure décide de racheter la marque Pompes funèbres de France, cette fois en qualité d’actionnaire majoritaire. « Je souhaite développer et redynamiser notre réseau avec un objectif de passer de 35 magasins actuels à 300, d’ici 10 ans. Notre marque est forte, nous devons capitaliser dessus et apporter toute l’aide nécessaire à nos franchisés », explique-t-elle en conquérante. Depuis le mois de mars, la nouvelle présidente de l’enseigne a déjà visité tous ses franchisés dont Sébastien Peschet, le jeune entrepreneur de 32 ans, basé à Flers dans l’Orne (61).
Une affaire familiale
La famille de Sébastien Peschet est dans le secteur funéraire depuis plus d’un siècle. « Nous avons commencé en tant que marbriers en 1882, puis, en 1888, nous nous sommes tournés vers les services funéraires, explique le jeune homme. Nous avons toujours vécu sur Flers et le métier funéraires s’est transmis de père en fils depuis cinq générations. Nous avons toujours été indépendants. Mais il y a cinq ans, lors de la passation de l’affaire familiale, j’ai voulu rejoindre un réseau », confie Sébastien Peschet. En effet, le jeune entrepreneur souhaitait bénéficier d’une aide juridique, d’un soutien, d’une structure et avoir la visibilité que seule une franchise peut proposer. « Je cherchais quelque chose d’abordable et en même temps qui me permettrait de rester le plus indépendant possible », explique Sébastien Peschet. L’enseigne Pompes Funèbres de France apparait alors comme une solution évidente. « Je suis ravi que Madame Thiéfine ait repris la marque, elle est connue dans le milieu et inspire la confiance. Nous allons voir ce qu’elle pourra nous apporter. », souligne-t-il. Sébastien Peschet ne connaissait pas d’autre métier que celui de sa famille. C’est pourquoi, à 18 ans, il a décidé de se lancer et de voir s’il pourrait bien y arriver. « En réalité, je ne connaissais pas vraiment le métier et les débuts ont été surprenants et parfois difficiles », explique Sébastien Peschet. Il a tout d’abord fait deux CAP de gravure de pierres, puis a obtenu son diplôme de conseiller funéraire et pour finir a perfectionné son apprentissage par de nombreux stages. La vue de la mort a été un des caps principaux à passer pour le jeune homme. « S’occuper d’un défunt quand on a 18 ans n’est pas facile. Nous sommes jeunes et avons beaucoup de préjugés. J’ai dû prendre mon courage à deux mains », se souvient-il. Aujourd’hui, son agence compte quatre employés qui travaillent à temps plein et six personnes à temps partiel. Tous sont très polyvalents et œuvrent au service de la commune qui compte 16 000 habitants.
De l’humain avant tout
Le métier associé à la mort et au deuil attire tout de même les entrepreneurs. Cependant, tout le monde n’est pas fait pour ce secteur. « C’est un métier très humain où les franchisés sont naturellement avenants », raconte Sébastien Peschet. En effet, il faut être patient car parfois, les gens touchés par le départ de leur proche, cherchent un fautif. « Il faut les comprendre, rester calme et pédagogue », souligne Sébastien Peschet. Sans oublier de rester tout le temps réactif. Le métier des pompes funèbres est très réglementé, il faut toujours tout faire à temps et être disponible 24h/24. « Il faut être prêt à se réveiller au beau milieu de la nuit », prévient Sébastien Peschet. En ce qui concerne le plan émotionnel, « comme tout le monde, la mort nous touche, surtout celle des enfants ou des jeunes de notre âge. Nous y prêtons alors plus attention que d’habitude », confie Sébastien Peschet. Cependant, les franchisés ne peuvent en aucun cas se permettre de pleurer avec la famille. Sinon, l’aspect professionnel disparait. Toutefois, c’est cet accompagnement des familles qui plaît au jeune homme. « Le fait de savoir que l’on aide les familles en deuil à remonter la pente me rassure et ajoute une valeur presque noble au métier », avoue-t-il. Dévoué, Sébastien Peschet a voulu améliorer son entreprise et apporter une touche particulière. En effet, il a bousculé le secteur en personnalisant les services pour ses clients. « Par exemple, nous choisissons la musique, les poèmes et les textes funéraires en fonction du défunt, de sa vie, de sa famille, de ses passions… », explique-t-il. La famille a ainsi le sentiment d’avoir une cérémonie particulière. Même si le métier des pompes funèbre parait un peu triste par moments, difficile psychologiquement, il est aussi épanouissant, diversifiant et enrichissant sur le plan humain..
Anna Ashkova