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La biotech nantaise que nous soutenons a mis au point un anticorps efficace sur les cas sévères.
ÉcoRéseau Business a déjà attiré l’attention sur la technologie de cette biotech nantaise, Xenothera, attelée depuis cinq ans à la mise au point du XAV-19, préparation d’anticorps polyclonaux hyperimmuns [sérum de sujet immunisé, en l’occurrence artificiel, contenant des anticorps de spécificité connue] dirigés contre le sars-cov-2. La présidente de la petite société, Odile Duvaux, explique très clairement que ce XAV-19 « se substitue à l’immunité insuffisante d’un patient sévèrement atteint, victime d’une sidération due au virus ».
Au moment où la machinerie planétaire commence laborieusement à mettre sur pied de tels sérums tirés des patients immunisés, balbutiement d’une chaîne des tests engagés sur des mois ou plus, il nous a paru étrange que ces anticorps glyco-humanisés déjà au point ne soient pas mis en avant par les autorités de santé. Qu’elles ne s’en emparent pas, au moins qu’elles l’intègrent dans leur programme de recherche.
Un laboratoire vient d’avoir ce réflexe pour se lancer dans la fabrication du XAV-19.
Déjà engagé dans la lutte contre la covid
LFB, créé en 1994, se présente comme « un groupe biopharmaceutique qui développe, fabrique et commercialise des médicaments dérivés du sang et des protéines recombinantes pour la prise en charge des patients atteints de pathologies graves et souvent rares ». Parmi ses domaines thérapeutiques majeurs, l’immunologie. Il était cohérent que Denis Delval, PDG de LFB, approche rapidement Xenothera : « Dans le contexte de la pandémie de covid-19, dit-il, il est de notre responsabilité de tout mettre en œuvre pour favoriser la recherche et la mise au point d’un traitement potentiel. Il était donc logique pour le LFB, déjà engagé dans d’autres projets de recherche dans la lutte contre la covid-19, de répondre positivement à la demande de Xenothera, dont la technologie est déjà appliquée dans des programmes cliniques et dans la prévention d’infections acquises à l’hôpital. »
En avance sur la production lointaine d’anticorps de malades
Que va-t-il en sortir ? Le site de bioproduction du laboratoire, à Alès dans le Gard, « va fabriquer le premier lot clinique de XAV-19 […] Le site, récemment approuvé par la FDA américaine, réalisera la préparation de lots cliniques des anticorps en vue d’une évaluation clinique à brève échéance. Vingt-cinq collaborateurs du LFB, des équipes de production, de la qualité et de la logistique seront mobilisés pour répondre à cet objectif. Un premier lot clinique sera produit dans le courant du mois de mai 2020. Cette production est indispensable pour permettre le lancement du premier essai clinique, dont l’objectif est de traiter plusieurs dizaines de patients hospitalisés en prévention de la décompensation respiratoire nécessitant le transfert en réanimation. »
De quoi, si les résultats sont concluants – ce qu’ils ont déjà été dans le cadre de la recherche Xenothera –, de fournir au corps médical privé de vaccins un moyen d’action inédit, en avance sur les prémices d’essais à peine démarrés par les sphères « officielles ».
L’action du XAV-19
L’activité thérapeutique du sérum engendre trois effets : « D’une part, la neutralisation du virus par blocage de son entrée dans les cellules du patient, d’autre part, l’absence de risque d’ADE (augmentation dépendante des anticorps, mécanisme d’aggravation de la pathologie dû aux anticorps du patient), enfin la réduction du phénomène inflammatoire […] Il sera administré aux patients hospitalisés pour éviter leur aggravation et leur passage au stade d’insuffisance respiratoire aiguë qui nécessite un passage en réanimation. »
La région Pays de la Loire n’est à son tour pas passée à côté de la biotech qu’elle abrite : le programme XAV-19 a reçu cette semaine un soutien financier, une subvention de 200 000 euros.
Un prochain entretien exclusif avec Odile Duvaux précisera l’espoir suscité par ce savoir-faire français.