Hommage aux bénévoles du rebond

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Des associations essentielles vont jouer à fond leur rôle quand la crise aura défeuillé nombre d’entreprises.

Olivier Magnan, rédacteur en chef

Il est temps, plus que temps, de rebondir. Les feuilles mortes se ramassent à la pelle, les entreprises en dépôt de bilan aussi, en automne, quand les aides, soutiens, prêts n’auront pas suffi pour éviter… quoi ? la faillite, la déconfiture, le plantage, le règlement judiciaire, tous ces jolis noms que des entrepreneur.es qui sont passé.es par là baptisent du beau nom de « rebond ». Car l’époque des entrepreneur.es en échec, des faillis que les banques listaient soigneusement dans leurs catalogues de pestiféré.es, si elle n’est pas entièrement obsolète, ne sera bientôt plus qu’un héritage ridicule du xixe siècle, quand les César Birotteau (confiseur) d’Honoré de Balzac, les faillis, étaient proscrits par leurs pairs. Un. e commerçant.e ou un.e entrepreneur.e qui ferme boutique n’est plus un.e paria, il.elle prépare déjà l’aventure d’après.

C’est ce qui va arriver en France comme dans le reste du monde, et il sera urgemment l’heure de voir dans ces fins de partie le début d’une autre. Nombre de restaurateurs vont repartir, rebondir, comme des start-up vont « redesigner » leur modèle, des sous-traitants changer de secteur, des franchisés choisir une autre enseigne.

Pour les aider à passer ce cap, des associations impensables il y a peu sont apparues sur la scène de l’entrepreneuriat pour en finir avec l’idée qu’entreprendre, c’était risquer sa vie. On ne perd pas son honneur si l’on a tenté sans réussir d’emblée, au pire on perd un peu ou beaucoup d’argent, ce qui n’a rien de mortel, comme on le sait. Entreprendre, c’est d’emblée accepter le risque de repartir à zéro si nécessaire. La doctrine d’une Isabelle Saladin, entrepreneur.e récidiviste qui, avec trois autres aventurier.ères, a créé en 2018 Les rebondisseurs français. Rejoindre l’association, c’est trouver de l’aide très concrète, entre analyses, conseils, réseau, soutien, parrainage (car même si « se planter » n’est pas une catastrophe, ça fait mal quand même). L’association fonctionne exactement de la même façon que les 60 000 Rebonds de Philippe Rambaud et compagnie – association créée en 2012, quand, année après année, les dépôts de bilan en France tournaient autour de ce chiffre de 60 000. Il en est d’autres, comme Second souffle le bien nommé, apparu dès 2010. Et d’autres encore, mouvements discrets mais opérationnels.

Ces « machines » à regagner mettent en échec le fameux tryptique des 3D, dépression, dette, divorce. Elles seront aux premières loges pour ramasser à la pelle les feuilles mortes cet automne et préparer le compost du renouveau. Bravo et merci à leurs créateur.trices !

Olivier Magnan, rédacteur en chef

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