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« Acheter » une franchise, c’est devenir son propre patron moins le risque : ne pas partir de rien, se faire accompagner, savoir que le concept commercial fonctionne. Un dispositif plus encadré où l’enseigne tête de réseau veille. Mais comment « acheter » ? Tour d’horizon.
Ils sont 75 000 en France à avoir choisi de devenir franchisés auprès de 2 004 réseaux de franchiseurs en France. Mais même si l’accompagnement initial ressemble à un « clé en main », la mise en place de l’outil de travail ressemble beaucoup à une création d’entreprise. Premier dossier pour les nouveaux franchisés, les fonds. Selon la 15e Enquête annuelle de la franchise réalisée par la Fédération française de la franchise en partenariat avec Banque Populaire, le montant moyen de l’investissement pour une ouverture s’établit à moins de 50 000 euros pour 33 % des sondés et à un investissement compris entre 50 000 et 200 000 euros pour 40 % des cas. Et 21 % devront trouver entre 200 000 et 500 000 euros.
Des financements pour se lancer sereinement
Si les financements propres entrent largement en compte, ils sont rarement suffisants. Il est donc nécessaire de faire appel à un emprunt bancaire classique ou à d’autres formes de financement, notamment les financements aidés. « Il n’existe pas d’aides spécifiques à la création d’une franchise. Les aides qui s’appliquent aux projets de franchisés sont les mêmes que celles qui se destinent à des entrepreneurs », précise Rose-Marie Moins, directrice développement, animation et promotion de la Fédération française de la franchise. Parmi lesquelles le prêt Nacre dont le nom même confirme les deux objectifs (Nouvel accompagnement pour la création et la reprise d’entreprise). Son détenteur se voit octroyer, par les régions, un prêt d’une durée maximale de trois ans. Les demandeurs d’emploi, détenteur du RSA, jeunes actifs de moins de 25 ans ou licenciés d’une entreprise en liquidation judiciaire sont éligibles à ce dispositif. Si l’on implante sa franchise dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPPV) le prêt Nacre se sollicite auprès du conseil régional ou en préfecture de région. Autre typologie de financement, l’Acre – pour Aide à la reprise et à la création d’entreprise. Cette aide dépend de Pôle Emploi et s’adresse donc exclusivement aux demandeurs d’emplois. Il s’agit d’un dispositif d’exonération de cotisations détermné en fonction des revenus d’activité. Il n’est pas applicable pour les revenus qui dépassent les 40 524 euros.
Des accompagnements selon les lieux et les secteurs
Outre ces aides nationales, il existe une multitude d’autres aides dispensées localement. Des réseaux tels que France Initiative ou France Active, implantés dans les régions, accordent des prêts d’honneur, c’est-à-dire des crédits aux taux d’intérêt nuls. « Ces prêts sont rarement très élevés. Ils atteignent au maximum 10 000 euros. Mais ils peuvent apporter un coup de pouce non négligeable lors du lancement d’une franchise. De quoi réduire le crédit bancaire ou l’apport personnel dans des dossiers aux financements un peu justes », estime Rose-Marie Moins. Mais les territoires n’appliquent pas tous les mêmes règles. Certains départements seront par exemple plus enclins à accompagner tel ou tel secteur en fonction du tissu local, tandis que d’autres mèneront une politique active d’accompagnement des femmes créatrices d’entreprises. Autant d’éléments à prendre en considération avant de solliciter des aides, comme l’Aide à la création d’entreprise innovante, octroyée par Bpifrance, également accessible aux candidats franchisés. À condition, comme le reflète son appellation, que le projet soit particulièrement innovant. Elle est octroyée sous forme de subvention pour financer les dépenses de validation du projet (conception, étude de faisabilité, recherche de partenaires…), jusqu’à 30 000 euros. Franchise innovante ? C’est rarement le cas. Les franchisés y sont pourtant éligibles.
Des financements et des conseils recherchés
Une tendance de fonds est apparue il y a maintenant quelques années. Au-delà des crédits bancaires, qui constituent à 70 % les financements des nouveaux franchisés, des modes de financements alternatifs sont de plus en plus recherchés. À commencer par le crowdlending, ou prêt participatifs*. Une autre tendance, le recours au courtier en prêts professionnels pour l’octroi de crédits bancaires. Outre l’obtention de taux d’emprunts avantageux, ils offrent de
réaliser un montage des financements diversifiés : apport personnel, prêt bancaire et éventuelles subventions.
Hors un accompagnement financier, les antennes des structures nationales présentes en région (réseau CCI, France Initiative, Adie…) dispensent gratuitement des aides concrètes – suivi et mise en place du business plan, structuration des financements ou conseils juridiques. Le réseau privé n’est pas en reste. Les assureurs, les banquiers comme les professions juridiques sont autant d’interlocuteurs conseils à solliciter dans la phase amont du lancement de l’activité. Rose-Marie Moins : « Au sein de la Fédération française de la franchise, nous insistons beaucoup auprès de nos franchisés. L’entreprise qu’ils sont en train de créer est la leur. Certes, les conseils de la maison mère sont précieux, mais il est bon également de s’entourer de conseils extérieurs afin de construire son projet à son image. »
Chloé Pagès
*Prêt participatif (crowdlending) : un moyen d’investir dans les PME et l’économie réelle via une plate-forme numérique. Le cadre légal a mis fin en 2014 au monopole bancaire et a suscité l’apparition de plates-formes de financement participatif. Lesquelles disposent d’un agrément grâce auquel des particuliers prêtent en direct à des PME sélectionnées. L’accessibilité en ligne pour des opportunités d’investissement reste sans coût pour le client et à partir d’un montant de 50 euros.