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Ce sera mieux après… sauf si l’on est trop cons. Signé Philippe Bloch.
Dans l’avalanche prévue d’ouvrages sur l’après-covid, le monde d’après, la crise d’avant, la crise qui vient, le futur sans virus, l’avenir de tous les changements, la cata et rien d’autre, les plus rien ne sera comme avant, le tout et le reste seront différents, Philippe Bloch a dégainé un peu avant tout le monde. Philippe Bloch, c’est un entrepreneur. Ses Columbus Cafés ont marqué leur temps. Quand il part se confiner dans la France profonde, il n’oublie ni son ordinateur ni son cerveau. Ce graphomane de la note au quotidien commence à réfléchir en entrepreneur à ce fameux « après » dont en France, aujourd’hui, l’on commence à croire qu’il sera comme avant. Les boîtes vont crever, rebondir, se créer, les villes vont s’embouteiller, avec quelques vélos en plus, la pollution va reprendre toute sa place, le plastique en plus. Pour Bloch, c’est ce qui risque d’arriver… « si l’on est trop cons ». Car pour lui, optimiste réaliste, Ce sera mieux après… sauf si l’on est trop cons, et ce titre en dit long sur son amour de l’humanité. « Quand on est trois milliards d’individus à vivre un tel traumatisme, me dit-il, il est impossible que le monde reparte comme avant, avec ses principes de précaution qui ont affaibli notre capacité à ne pas nous comporter en trouillards compulsifs. »
L’intelligence de l’écrivain du monde qui bouge (voilà son 8e livre réactif, depuis le fameux Service compris, qu’il a publié à travers sa propre maison d’édition, Ventana, de quoi griller tout le monde !), c’est de s’être emparé de quinze thématiques et d’opposer pour chacune l’avant et l’après : ça commence par le type de mortalité « extraordinaire » que la crise nous a valu, ça finit par Le ressentiment versus l’unité. Et au passage, cet hyperactif règle son sort à L’ennui versus Projet – « Comment peut-on s’ennuyer ? » s’insurge celui dont la vie n’est que projets (il en a fait aboutir certains !) – et en termine avec la décroissance pour la renommer Autre croissance (un vrai titre de magazine !) comme il refuse de fustiger l’Europe objet de toutes les critiques au profit d’une Autre Europe. Car à force de raisonnements binaires (c’est oui ou non, pour ou contre), on oublie la richesse de l’« autre » quelque chose.
Et tout à l’avenant. Chaque chapitre nous persuade qu’effectivement quelque chose a changé en nous, et que ce quelque chose finira par changer le monde. Pourtant, à entendre et voir certains dirigeants qui, eux, elles (surtout eux du reste) restent figés dans leur monde de pouvoir immobile, on se prend à penser, en refermant l’immense claque d’espoir que Philippe Bloch nous assène sur la tête, que son option, « … sauf si l’on est trop cons », n’est pas entièrement exclue.
En tout cas, cette lecture nous rend presque trop intelligents. C’est déjà ça.
Olivier Magnan
L’ouvrage sera en librairie à partir du 2 juillet