Pic, plateau, chute ou rechute ?

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Des chiffres légèrement meilleurs qu’il ne faudrait pas prendre pour un bon de sortie.

Courbe en élévation abrupte du 4 avril 2020. © Sud-Ouest

Quelque 8 000 morts depuis le début de l’épidémie, et ce 6 avril qui s’ouvre sur « un début d’amélioration ». Moins de décès (518 le 5 avril, selon Santé publique France), moins d’admissions (environ 400) en réanimation. C’est le cas aussi en Italie – bilan mortel double de celui de la France – et en Espagne – 12 000 décès. « La courbe a commencé sa descente » après une semaine de stabilisation en « plateau » constate Silvio Brusaferro, patron de l’Institut supérieur de la Santé italien. Plateau. C’est le terme employé sur France Inter le 6 avril par Martin Hirsch, le douloureux directeur de l’AP-HP qui n’a pas fini de se voir pris à partie – d’ici à ce qu’il figure parmi les boucs émissaires indispensables qui mourront virtuellement au champ du déshonneur de l’après-covid…
Une phase plateau, comme l’explique avec quelque évidence le professeur Vincent Bounes, patron du Samu 31, succède à la phase ascendante avant d’entamer la baisse de la courbe. Ce n’est pas du tout ce qui nous avait été expliqué, schémas à l’appui. Les « cloches » savamment dessinées au début du raz-de-marée se compliquent. Après le « pic » – espéré le 5 mais différencié selon les régions –, on s’attendait à une chute. Il faudra plutôt prolonger le graphique à la quasi horizontale avant d’aborder le déclin de l’infection. Si un rebond ne survient pas. Autant dire que le 15 avril, la France ne sera pas « libérée »…

Car les équipes soignantes, un peu partout, ne parlent pas même de « plateau ». C’est à peine si elles se satisfont de garder quelques lits sans évacuation. Dans le Grand Est, au surplus, la première baisse du nombre de malades hospitalisés se conjugue à un plus grand nombre de décès. Pas de quoi crier victoire.

D’autant moins que ces diables de Français/es, caressé/es par les premiers rayons d’un soleil tentateur, se croient autorisé/es à jogger davantage, à pêcher ou à se promener en bandes. Au moment où les autorités demandent enfin que chacun se bricole un masque faute de les fournir, quand les spécialistes redoutent un déconfinement partiel sauvage, ceux que le préfet Lallement traitait d’« imbéciles » se croient déjà autorisés à circuler presque librement, au risque de nous en remettre une petite vague.

Pendant ce temps, un essai clinique dont le début est fixé au 7 avril, en France, vise à transfuser du plasma sanguin de personnes guéries de la covid-19 – riche d’anticorps contre le virus – vers des malades en phase aiguë. Dommage que personne n’entende la petite voix de la biotech française Xenothera qui crie disposer déjà de tous les anticorps « compatibles » nécessaires. Hormis mon « papier » du 1er avril, aucun écho dans les médias ou presque, les pontes qui nous soignent semblent continuer à ignorer cette pépite qu’ils écrasent sous leurs semelles de savants.

Olivier Magnan
rédacteur en chef

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