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Une étude de l’École des hautes études en santé publique (EHESP) tombe à point nommé pour conforter les choix des autorités françaises d’un confinement aujourd’hui contesté.
Le coauteur de l’enquête, Pascal Crépey, s’est dit le premier surpris par le modèle de simulation de la propagation de la maladie hors confinement : « Le nombre de décès quotidien double tous les 4 ou 5 jours à partir du 19 mars, et atteint 10 000 le 19 avril. »
Donc, hors confinement, 23 % de la population aurait été infectée pendant cette période et le raz de marée de cas graves aurait de loin débordé les établissements de santé déjà saturés malgré les mesures autoritaires du « restez chez vous » : on estime que 670 000 patients auraient eu besoin d’une hospitalisation, que 140 000 cas graves auraient occupé de plus de 100 000 lits de réanimation (contre 5 000 disponibles avant l’épidémie, 10 500 improvisés en cours). En Île-de-France, ce sont 30 000 lits qui auraient manqué à l’appel
Toujours selon l’EHESP, 73 900 malades auraient trouvé la mort à l’hôpital entre le 19 mars et le 19 avril si le confinement n’avait pas été décrété. Soit 61 700 vies sauvées (15 000 en Île-de-France et 7 700 dans le Grand-Est). Et encore ne tient-on pas compte des décès hors hôpital en raison de l’impossibilité d’admettre cette cohorte digne de la Grande peste, ni en maison de retraite ni à domicile.
La thèse de l’immunisation naturelle contrebattue
De quoi s’opposer aux arguments des tenants du « laisser-faire » qui plaident en faveur d’une immunisation globale suffisante pour faire échec au virus. La simulation en question sera un argument majeur pour le gouvernement que des voix accusent d’avoir opté pour la mauvaise stratégie. Pourtant, si l’on raisonne en rapports décès par million, l’on s’aperçoit que la France enregistre 326 morts par million, que les États-Unis sont à 150 et que la Suède, pays non confiné, en déplore 200. Décidément, la polémique nationale n’a pas fini de fourbir ses armes…