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La levée de fonds rime avec développements importants. Mais s’associer à des fonds d’investissements – ou à d’autres partenaires – implique souvent la perte d’une partie de son indépendance. Pour un franchiseur, des risques à atténuer en cadrant bien l’opération et en trouvant les bons partenaires.

 

À un certain stade de développement, les besoins en fonds ne seront plus assurés par des prêts ou des financements classiques. La levée de fonds est alors, bien souvent, une solution attractive. Une façon d’obtenir, rapidement, des montants importants. « Du point de vue d’un investisseur, la franchise est très intéressante, souligne Jean-Luc Cohen, cofondateur du cabinet de conseil Framboise. Il existe même maintenant des fonds spécialisés dans le domaine. Car la franchise offre une prise de risque moindre, avec une bonne récurrence de revenus. » De plus, depuis quelques années, le concept de scalabilité – l’idée de développer à une nouvelle échelle un projet qui a fait ses preuves – séduit particulièrement les fonds d’investissement. « Le modèle de la franchise inspirent les fonds qui cherchent des projets dans lesquels investir dans la durée, explique Emmanuel Delarochère, conseil en développement de réseaux chez Progressium. La franchise est également présente dans beaucoup de secteurs d’activité qui intéressent les fonds, les services, notamment services à la personne, immobilier, dépendance… »

 

Se développer… et garder son indépendance

Le plus souvent, ce sont les réseaux déjà matures qui vont utiliser les levées de fonds, avec déjà un certain nombre d’implantations, pour pouvoir financer un développement important : un grand nombre d’ouvertures, une restructuration du réseau, une expansion à l’international…

Un réseau déjà éprouvé convaincra plus facilement des investisseurs de s’associer à son futur, et sera plus facile à valoriser. De plus, les fonds veulent en général investir des montants importants qui dépassent souvent les besoins d’un réseau qui se lance. Enfin, un jeune réseau – et son dirigeant – aura tendance à vouloir conserver son indépendance et à construire son projet par lui-même. Car la contrepartie d’une levée de fonds, c’est qu’on ouvre son capital, et son board, à de nouveaux acteurs, et que l’on risque ainsi de perdre son indépendance ou au moins une partie. Et il est vrai que les exemples ne manquent pas de réseaux qui en ont pâti au final, contraints par les exigences de rentabilité de leurs nouveaux partenaires. Mais ce n’est pas une fatalité.

 

Communiquer sur les objectifs

« Il faut établir un pacte capitalistique et non décisionnaire, explique Jean-Luc Cohen. Le dirigeant doit garder les mains libres pour diriger son réseau. » En un sens, c’est logique : un réseau a du succès grâce à son concept, bien sûr, mais aussi par la personnalité de son ou sa dirigeant·e. « Les fonds comprennent que la force du réseau, c’est le dirigeant », confirme Jean-Luc Cohen. Mais il n’est pas inutile de se faire accompagner par des conseils experts pour l’opération : un fonds reste un fonds, et il faut prendre toutes les précautions nécessaires. Les franchisé·es, notamment, s’il n’y a pas eu une communication orchestrée autour de la levée de fonds, vont avoir tendance à s’inquiéter. « Il est important d’élaborer un plan sur plusieurs années qui montre le cap que l’on veut prendre, les développements que l’on veut engager… et il faut ensuite le respecter », souligne Jean-Luc Cohen. Il faut en fait rassurer les franchisé·es, leur montrer qu’il existe d’autres objectifs à la clé que le développement du franchiseur, et pour cela, un solide plan de développement est indispensable. « Si le développement apporte du business, de la valeur, à l’ensemble du réseau, les franchisé·es adhéreront au projet », estime Emmanuel Delarochère.

 

Levées de fonds… sans fonds

Il existe cependant des solutions alternatives pour lever des fonds qui ne passent pas par des fonds d’investissement. C’est notamment le choix de BioBurger qui se développe en franchise depuis 2017. « Nous avons procédé à plusieurs levées de fonds dans notre histoire, de différentes tailles », témoigne Louis Frack, cofondateur de Bio Burger. Outre les levées de fonds « classiques » pour les débuts d’un réseau (c’est-à-dire auprès des proches et du premier cercle), la société a levé 1 million d’euros en 2018 auprès de Biocoop, entré au capital, puis 500 000 euros en 2019 et 800 000 euros (sous forme d’obligations simples) en 2020 auprès de Lita, la plate-forme pionnière du financement participatif responsable. Ces levées de fonds ont servi à alimenter la naissance du réseau. « À l’époque, nous ne voulions pas travailler avec des fonds d’investissement, souligne Louis Frack. Ils ont, et c’est normal, des objectifs de rentabilité avant tout qui ne nous concerne pas. Nous voulons inscrire notre développement dans la durée et construire les choses durablement. Tout n’est pas rentable tout de suite. »

Ce qui ne signifie pas que les choix alternatifs de partenaires investisseurs n’entraînent pas des contraintes. « Nous leur devons des comptes économiques, bien sûr, mais aussi écologiques : combien de burgers végétariens sont vendus par mois, rester en dessous d’un seuil pour le prix moyen du burger… Mais ce sont des objectifs que nous voulions déjà poursuivre par nous-même. » Pour autant, BioBurger n’est pas contre les fonds d’investissement, notamment avec l’arrivée de fonds qui se spécialisent sur les entreprises à impact, sur des durées plus longues, avec des TRI (taux de rentabilité interne) plus bas… Bref, des fonds dont les valeurs correspondent à celle de l’enseigne.

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