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En juillet, il ne sera plus possible d’emprunter via un PGE
Les prêts garantis par l’État, invention française mise en place dès le premier confinement, resteront dans l’histoire des crises comme une initiative formidable. Dans le monde du commerce associé aussi, ils ont joué le rôle de bouée de sauvetage ou de financement de passage. Rares sont les franchiseurs qui n’auraient pas accompagné leur réseau dans le montage des dossiers. Témoignage d’un « accompagnateur », Petpro.
Malgré la crise sanitaire, le réseau des franchises se porte bien, selon les derniers chiffres remontés du terrain. « Nous sommes revenus à un nombre de dossiers de financement semblable à ce que nous traitions avant la crise sanitaire », détaille Benoît Fougerais, directeur général de pretpro.fr et chroniqueur dans nos colonnes. Dans son agence, on accompagne des entreprises et des franchises de toute taille pour obtenir des financements. Et depuis quelques mois, l’activité a connu un vrai regain. « Avec la crise sanitaire, nous n’avons pas eu énormément d’annulations de dossiers, mais plutôt des suspensions de quelques mois. Mais avec la fin des normes sanitaires et le retour à une vie plus normale, ces dossiers sont en train d’être rouverts. » Et le chef d’entreprise confie même avoir accompagné beaucoup de projets dans le secteur de la restauration. « Covid ou pas covid, ceux qui avaient l’envie d’entreprendre ne l’ont pas perdue. Ils se sont simplement adaptés. »
Mais l’une des clés pour réussir son projet de franchise, c’est le financement. Il faut à tout prix trouver les fonds nécessaires pour lancer son activité. Et dans le secteur de la franchise, le financement s’envisage de moult façons.
« Beaucoup de franchiseurs mettent à la disposition de leurs franchisés des outils pour accélérer leur financement, un véritable accompagnement. D’autres franchiseurs sont beaucoup moins présents pour leurs franchisés, ça dépend vraiment de l’enseigne. » Certains franchiseurs se contentent de donner quelques conseils de base pour aider les franchisés à se lancer. D’autres les accompagnent dans les multiples démarches en plaçant face à eux de véritables experts des secteurs. Il n’empêche que toute aide quelle que soit sa forme est la bienvenue pour les nouveaux franchisé·es, souvent dépassé·es par l’arsenal administratif français.
Monter des financements multiples avec sa tête de réseau
L’avantage de cet accompagnement entre franchiseur et franchisé ? « Celui de mettre à disposition des nouveaux et nouvelles venu·es toute l’expérience du réseau et les méthodes qui fonctionnent. » Et le conseil majeur du financier pour réussir son projet de financement, c’est la variété des sources de financement. « L’idée, c’est qu’aujourd’hui il faut multiplier ces sources, poursuit le spécialiste. Cumuler du leasing d’un côté, du crowdfunding de l’autre, des aides régionales, pour que la somme à emprunter à la banque ne soit plus aussi importante qu’au début. »
Véritable gage de sérieux pour les banques, la constitution d’un dossier de financement aux multiples sources aide, surtout, à garantir la sécurité financière de son projet. « Au sein des réseaux de franchise, ces modèles de financement multiples sont vus d’un très bon œil. »
L’accompagnement des franchiseurs, s’il représente un véritable coup de pouce pour les nouveaux·lles franchisé·es, pourrait représenter un risque pour le réseau. « Dans le cas où le projet du franchisé ne se déroule pas comme prévu, il peut se retourner contre le franchiseur qui l’aurait mal conseillé, met en garde Benoît Fougerais. C’est pourquoi passer par un intermédiaire comme nous donne le moyen au franchiseur d’aider les franchisé·es sans prendre de risques en cas de difficultés. »
Trois mois de CA 2019
Parmi les sources de financement, une nouvelle a fait son apparition depuis la crise sanitaire. Le prêt garanti par l’État (PGE). « Sa mise en place a constitué une véritable bouffée d’oxygène pour les entrepreneur·es avec au moins deux années d’activité », confirme Benoît Fougerais. Cette aide exceptionnelle de 300 milliards d’euros, débloquée par le gouvernement au printemps 2020 et jusqu’à fin juin 2021 a permis aux entreprises de tout type de souscrire auprès de leurs établissements bancaires habituels un prêt garanti par l’État. Son montant ? Un maximum de trois mois de chiffre d’affaires de 2019. « Les retours que j’ai eus du terrain tendent à prouver que cette aide exceptionnelle a été bien reçue, constate le fondateur de pretpro.fr. Elle a permis à de nombreux·ses franchisé·s de ne pas mettre la clé sous la porte. » Et là encore, les franchiseurs ont joué un rôle de conseil et d’accompagnement à la mise en œuvre de cette aide. « Il est évidemment dans l’intérêt des franchiseurs que leurs franchises restent à flot. Si un franchisé coule, c’est tout le réseau qui est en péril. »
Compter sur l’accompagnement d’un spécialiste
Les taux de ce prêt garanti par l’État sont du quasi jamais vu par leur modicité. Entre 1 et 2,5 % en fonction des délais de remboursement. Presque du taux zéro. Depuis sa mise en place, ce dispositif est plébiscité : près de 40 % des entreprises ont contacté un PGE entre mars et décembre 2020 pour atteindre 138 milliards d’euros fin avril 2021. Et près de 94 % des demandes émanent des petites entreprises, les plus ébranlées par le choc économique. Pour Benoît Fougerais, le prêt garanti par l’État représentait un véritable coup de pouce pour des entreprises bien trop souvent en difficulté. « Nous avons décidé de mettre notre savoir-faire au service des franchisé·es qui désirent mettre en place ce dispositif.
Concrètement, nous les accompagnons pour la formulation de leur dossier dématérialisé et nous allons même jusqu’à les accompagner physiquement au moment des entretiens avec leur banque » Car, comme le souligne l’accompagnateur, l’univers financier est souvent obscur pour les néofranchisé·es. « Quand quelqu’un reprend une franchise de boulangerie, on lui demande d’être bon dans son domaine qu’est le pain, pas d’être un financier qui investit dans la boulangerie, remarque-t-il, pragmatique. Du coup, tous les aspects financiers et négociations d’un projet paraissent souvent obscurs. C’est notre rôle que d’accompagner tous ces entreprenants qui ne sont pas financiers. »
Derniers jours pour en profiter
Damartex, bon exemple de l’effet d’un PGE. Le groupe de textile avait fait face à de graves difficultés qui mettaient en péril son activité et menaçaient plus de 150 emplois et trois magasins. En juillet 2020, le groupe avait obtenu un prêt garanti par l’État de 80 millions d’euros, de quoi partir sur « de nouvelles bases solides pour déployer l’ensemble des mesures identifiées au titre de notre plan Transform to Accelerate 2.0, sécuriser l’activité du groupe et faire face aux nouveaux défis d’un marché en pleine mutation. » C’est Patrick Seghin, son président-directeur général, qui s’exprime. Coup de théâtre et communiqué de presse : moins d’un an après avoir obtenu cette aide, le groupe a annoncé son remboursement anticipé. « Compte tenu de la bonne performance du groupe et d’une trésorerie positive, Damartex annonce aujourd’hui le remboursement par anticipation de son prêt garanti par l’État de 80 millions d’euros mis en place en juillet dernier avec une maturité d’un an. » Un exemple parmi les plus positifs de l’intérêt du dispositif. Bien sûr, tous les cas de figure s’aligneront : remboursement aux dates convenues, obtention (relativement facile), de délais de remboursement, mais aussi défauts que les banques ne supporteront pas puisque l’État aura garanti le prêt.
Mais si les PGE ont eu un réel impact positif sur la vie économique française, ils n’en restent pas moins sujets à débats. Y entrent les entreprises dites « zombies », maintenues à flot le temps de l’aide, mais incapables de se redresser. Un rapport du Sénat les qualifie même de « bombes à retardement » et formule un certain nombre de propositions pour prévoir la sortie des PGE à la fin du mois de juin 2021. Autant dire que si vous n’avez pas encore souscrit de PGE, il ne vous reste que quelques jours pour en formuler la demande, avec ou sans l’aide d’une tête de réseau.
Guillaume Ouattara