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De quoi comprendre pourquoi, en l’occurrence, le Sars-CoV-2 déroute les stratégies de soin.
La grande virulence du Sars-CoV-2 (Syndrome respiratoire aigu-Coronavirus-2), qui provoque la covid (maladie du coronavirus, coronavirus disease) tient grandement à l’ignorance de sa nature et de ses réactions. Quelques réponses à des questions qui reviennent en boucle.
1 Nous connaissons son génome, mais l’interaction avec l’organisme humain reste une énigme.
2 Comment fonctionne le système immunitaire ?
Cette machinerie de protection automatique se révèle très complexe. Une image employée par le média Futura Sciences en décrit le principe :
- Votre organisme est comme une cité grecque ou inca. Des soldats (macrophages, cellules dendritiques, cellules NK, granulocytes) patrouillent nuit et jour. En cas d’attaque, ils déclenchent des réactions inflammatoires. Si c’est insuffisant, ils font des prisonniers parmi les virus que des estafettes-soldats (cellules présentatrices d’antigènes) amènent devant les généraux du système immunitaire (les lymphocytes B et T). Les gradés en question inspectent l’uniforme de l’ennemi (protéine particulière) et ses décorations (de nature protéique). On parle de « réponse immunitaire adaptative ».
- Deuxième temps, création d’armes (des anticorps nommés immunoglobulines) spécifiques aux assaillants (réponse immunitaire humorale) ou lâchage de bombes (molécules cytotoxiques) sur les attaquants (réponse immunitaire cellulaire). Ces généraux vont se multiplier, aiguisés, armés et plus efficaces (mémoire immunitaire).Quand le virus déjà rencontré revient, il tombe sur une défense efficace. C’est le principe du vaccin « naturel », immunitaire. Mais immunité acquise ou vaccin administré ne fonctionne pas de la même façon pour chaque virus. Un vaccin contre la rougeole immunise à vie. Le vaccin contre le tétanos perd de son efficacité dans le temps, d’où rappels nécessaires.
- Dans le cas du Sars-CoV-2, des malades « guéris » n’ont pas présenté d’anticorps, soit par résurgence de symptômes sans virus détectable, soit parce que le virus, dissimulé en attendant que passe l’orage des anticorps, se réactive. Mais dans la plupart des cas, une mémoire immunitaire semble exister. Et ces anticorps neutralisants sont injectables sous forme de plasma à des patients infectés, avec effet neutralisant. Mais cette réponse anticorps se révèle variable. D’où les « soyons prudents », « nous ne savons pas encore » de scientifiques attelés à comprendre le phénomène.
3 Peut-on attraper deux fois la covid-19 ?
La mémoire immunitaire décrite bloque une réinfection par le même virus, au terme de quelque trois semaines, durée pendant laquelle les anticorps auront été produits en quantité suffisante, pour plusieurs mois. En théorie. Or le Sars-CoV-2 semble se jouer de la théorie, élaborée à partir d’autres coronavirus. Sembleraient en témoigner des patients de Corée du Sud guéris, puis testés à nouveau positifs. Agirait-il comme le virus de l’herpès, endormi et asymptomatique ? À moins que l’on ait eu affaire à des « faux négatifs », des patients en fait asymptomatiques mais non guéris. On a aussi constaté que des symptômes aggravés de covid-19 surviennent alors même que le patient a développé des anticorps. De telles disparités dans les effets conduisent certains scientifiques à remettre en cause l’immunité collective (à un certain seuil de patients touchés puis guéris, l’épidémie s’éteint). Ce qui fait dire à quelques infectiologues que seul le vaccin sera la solution. Pourtant, une autre voie, que nous avons souvent citée, mériterait un essai clinique rapide, à même de déboucher en juin, selon la présidente de la biotech nantaise qui a développé depuis quelques années des anticorps glyco-humanisés en laboratoire, donc incapables de provoquer une surinflammation du système immunitaire.