Comment réagir quand son réseau est touché

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Les mois à venir s’annoncent difficiles pour bon nombre d’enseignes. Pour les franchisés de celles qui se retrouvent déjà en grande difficulté et de celles qui risquent d’en connaître, il va falloir décider de la façon dont ils vont poursuivre leur aventure entrepreneuriale.

Les noms tombent, au fur et à mesure. Camaïeu, Naf Naf, La Halle, Alinea, André, pour ne citer que les premières : les réseaux victimes de la covid-19 multiplient leurs annonces de débâcle. Une liste qui risque fort de s’allonger dans les semaines à venir. « Pendant le confinement, les tribunaux étaient fermés, la justice à l’arrêt, rappelle Michel Kahn, président du cabinet Michel Kahn Consultants et de l’Iref. Il était donc impossible de déposer le bilan. » Mais avec la reprise, les procédures devraient tomber. « On prévoit, d’ici à la fin de l’année, 800 000 destructions d’emplois – et les réseaux ne seront pas épargnés », chiffre Michel Kahn.

Dans certains secteurs, comme celui du prêt-à-porter, des enseignes déjà en difficulté ont vu leurs espoirs de reprise réduits à zéro avec l’arrivée du confinement ou leur situation s’aggraver. « Selon certaines estimations, la coup pourrait concerner près de 20 % des enseignes », précise Sylvain Bartolomeu, associé chez Franchise Management. Mais d’autres réseaux sont en danger pour des raisons différentes. « Frappés par des difficultés managériales, les gens veulent partir, il y a de la rancœur », constate Sylvain Bartolomeu. Et le confinement n’a, parfois, fait qu’aggraver des griefs préexistants. Il existe un vrai risque d’explosion en vol. Or, en général, les contrats prévoient rarement ce genre de cas. Il faut alors savoir improviser.

Rester en franchise

Pour les franchisés de ces réseaux, l’avenir paraît parfois sombre. Mais il s’offre à eux, selon les cas de figure, plusieurs possibilités pour continuer leur aventure entrepreneuriale. La première question à se poser : le réseau va-t-il survivre ? Oui ?
À quel prix, et avec quels ajustements – et surtout, est-ce que la tête de réseau est prête à lancer les évolutions nécessaires ?

Si ce n’est pas le cas, l’option la plus disponible, si l’on peut dire, et qui intéresserait le plus les multi et plurifranchisés, est… de changer d’enseigne. Les opportunités sont déjà là. La défaillance d’un réseau offre des espaces à ses concurrents pour se renforcer et évoluer. Pour preuve, plusieurs offres de reprise ont déjà été déposées pour des secteurs de La Halle ou de Naf Naf. Sans oublier les nouveaux réseaux qui se lancent riches de concepts originaux, inspirés par les nouveaux modes de consommation – le zéro déchet, le drive… L’occasion est belle : ce sont, d’un seul coup, des centaines d’emplacements de qualité qui se libèrent. Certes, une reconversion n’est pas une tâche facile, mais l’opportunité est réelle.

Une autre option, plus rare, est de se rapprocher d’autres franchisés du réseau et de le reprendre. Raid extrême ? mais « pas une possibilité à négliger », souligne Emmanuel Jury, directeur associé de Progressium. Les associés, par définition, gardent une vision plus proche du terrain de ce qui marche ou pas, et sont les plus à même de faire évoluer le concept, qu’ils maîtrisent déjà. C’est une solution particulièrement intéressante quand la marque dispose d’une forte notoriété.

Retrouver son indépendance

Une dernière option est de redevenir indépendant. Pour le prêt-à-porter notamment, de passer en « multimarque ». « Ce type de commerce a connu beaucoup de soucis, notamment parce que la gestion des stocks, essentielle, est complexe, explique Jury. Mais il revient sur le devant de la scène, grâce à un retour d’affection de la part du consommateur, qui apprécie de trouver plusieurs marques sur quelques centaines de mètres carrés. » En accord avec les évolution du comportement des consommateurs, qui ont besoin de retrouver une certaine confiance et d’être « réenchanté.es ». Si l’on se trouve sur un emplacement déjà saturé, l’option pourrait se révéler intéressante, mais tout dépend vraiment de la concurrence en place. Si des commerces du même type tiennent le haut du pavé, le jeu n’en vaut probablement pas la chandelle.

Pour s’orienter, il sera plus qu’utile de pouvoir bénéficier de conseils extérieurs, et de perspectives nouvelles. Heureusement, les cabinets de conseils et experts divers mettent les bouchées doubles pour trouver des solutions. « Nous avons créé les commissions Cepa – Centre d’écoute, de prévention et d’accompagnement pour aider spécifiquement les entreprises en difficulté du commerce en réseau, souligne Michel Kahn. Ils prodiguent une assistance psychologique par des spécialistes du soutien de chefs d’entreprise qui ont déjà connu la défaillance, en passant par des avocats, des magistrats… » Excellente initiative.

Jean-Marie Benoist

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