Facteurs clé de succès d’une Convention

Les « private jokes » entre franchisés, le vrai ciment des réseaux…
Les « private jokes » entre franchisés, le vrai ciment des réseaux…

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Ensemble, c’est pas tout…

Beaucoup de franchiseurs rassemblent tous leurs franchisés régulièrement afin de leur transmettre des messages ou communiquer sur leur stratégie. Avec plus ou moins de succès, selon les détails peaufinés.

Organiser une convention rassemblant tous ses franchisés est un moment incontournable dans la vie d’une enseigne. Il permet, non seulement, de faire un point sur la stratégie, mais également de développer l’appartenance des franchisés et l’adhérence aux objectifs. Si la périodicité de ces grands rassemblements est variable, elle oscille généralement entre tous les ans ou tous les deux ans, selon les franchiseurs. Midas, par exemple, organise tous les deux ans de très grosses conventions où sont invités l’ensemble des franchisés sur trois, parfois quatre jours. Un moment ensemble rare mais régulier, aux objectifs multiples selon Isabelle Mirocha, responsable du recrutement des Franchisés Midas. « Le premier objectif c’est d’annoncer les nouveautés, explique-t-elle ; nous en profitons pour parler de l’avenir, faire un bilan de l’année écoulée, mais surtout se projeter vers demain et annoncer les nouveaux partenariats ». Lors de la convention que le spécialiste de l’entretien automobile a organisée cette année à Rome, emmenant 750 franchisés, le franchiseur a ainsi organisé plusieurs plénières durant lesquelles il a tenté de dessiner le lendemain de Midas à ses franchisés. « Nous savons à quel point il est important pour nos franchisés de sortir un peu de leur activité pour se projeter vers l’évolution de leur métier, continue Isabelle Mirocha ; ainsi nous les avons sortis de leur quotidien pour leur parler de 2018, 2019 et même 2020. » Un objectif double, car si l’accent est mis sur la prospective, c’est également le moment pour le franchiseur de montrer à ses franchisés ce qu’il met en place pour les accompagner  – « l’objectif numéro un c’est de présenter ce sur quoi les équipes Midas ont pu travailler pour leurs franchisés », conclut la responsable du recrutement des franchisés.

Ne pas oublier les fournisseurs

Parler de l’avenir aux franchisés, voire les rassurer, c’est également l’objectif mis en avant par Virginie Steinbach, directrice marketing et communication du groupe Emova, qui lors du rachat du groupe en 2013 par un fonds d’investissement, a réuni les différentes enseignes afin de leur présenter la nouvelle stratégie. « Nous sommes un peu particuliers, car nous sommes franchiseurs mais possédons quatre enseignes. Aussi lors du rachat en 2013, nous avons fait une convention multi-enseigne car il y avait surtout des choses à dire au niveau du groupe, et nous étions, du coup, un peu moins focalisés sur chaque enseigne ». Un grand événement plus rare que les rassemblements par enseigne que le groupe organise une fois par an. Cette année sera d’ailleurs justement l’occasion de renouveler l’expérience, car le groupe organise une convention inter-enseignes à la fin de l’année, afin d’aller à la rencontre des fournisseurs du groupe, au cœur même de la production de fleurs, en Hollande. « Cette convention multi-enseigne s’explique par le fait que nous avons trois gros projets structurants pour l’ensemble du groupe, dont la création d’une marketplace qui va rassembler sur un même lieu les achats réalisés auprès de producteurs que nous sourçons nous-même. Nous avons ainsi souhaité faire un focus sur l’ensemble des produits et emmener nos franchisés au plus près des producteurs, afin qu’ils puissent voir en direct les produits que nous voulons leur proposer ». Si chaque enseigne a ensuite un positionnement différent, 80% des produits de la marketplace seront accessibles à toutes les enseignes, ce qui justifie un voyage commun pour les 130 franchisés qui ont répondu présent, toutes enseignes confondues. Au programme donc, deux jours de convention comprenant une partie plénière durant la première journée, suivie d’un showroom où les franchisés pourront découvrir un grand nombre de produits, avant de se rendre directement chez les producteurs lors de la deuxième journée. Profiter d’une convention pour créer plus d’échanges avec les fournisseurs, c’est également le choix que Midas a fait lors de sa dernière convention à Rome. Le franchiseur a, en effet, invité à se joindre à eux les fournisseurs de l’enseigne et créé un « Salon des partenaires », où les franchisés avaient la possibilité de rencontrer tous les fournisseurs avec qui Midas travaille. « A nos yeux, il est très important que les fournisseurs aient l’opportunité de répondre à des questions que peuvent se poser nos franchisés, sur un nouveau produit, une nouvelle prestation, ou autre », explique Isabelle Mirocha, décrivant ce mini salon de partenaires comme « un salon de la franchise en modèle réduit ».

Echanges et mises en relation avant tout

Une activité parmi d’autres pour ces franchisés afin de créer de l’échange au sein de Midas, avec les fournisseurs donc, mais aussi entre franchisés. « Il est très important de ressentir cette appartenance au réseau, explique Isabelle Mirocha, il n’y a pas d’autres moyen de faire se rencontrer des franchisés situés sur toute la France. La convention est un moyen de se rencontrer, d’échanger, autour d’un déjeuner ou d’activités. Ils vont ainsi se sentir, de manière physique, comme membres d’un réseau, voire d’une famille, avec bien sûr les équipes Midas France qui favorisent ces mises en relation ». Un constat partagé par Alain Deblock, le co-fondateur de Terralto Voyages, qui accompagne plusieurs réseaux en franchise pour leurs événements, et qui a justement accompagné Midas à Rome : « de notre côté, le pari était de donner de la fierté et de la force d’appartenance à un groupe international. Et nous avons vu que les franchisés se sentaient forts, ils étaient surpris par le nombre de personnes qui constituaient le groupe auquel ils appartenaient et le nombre de langues parlées ». Virginie Steinbach constate, elle aussi, que les moments d’échanges sont particulièrement importants lors de ces évènements : « ils viennent certes pour écouter ce qu’a à dire le franchiseur, mais aussi pour se retrouver entre eux », explique-t-elle ; le franchisé de Lyon a rarement l’occasion de voir celui de Nantes, donc c’est un moment qui leur permet d’échanger sur ce qu’ils vivent et sur leurs bonnes pratiques ». Afin de favoriser cette connaissance l’un de l’autre, mais aussi de valoriser ses franchisés, le groupe Emova profite d’ailleurs de ces moments pour remettre des prix. Si les critères sont variables, ils permettent surtout de lier l’actualité du groupe et les exigences commerciales. « Une année, nous avons remis le prix de la combativité à une franchisée qui avait vécu des choses personnelles assez dures, une autre année, c’est le franchisé qui avait recruté le plus de clients dans notre programme de fidélité qui a été récompensé, car nous avions beaucoup mis cette partie en avant tout au long de l’année ».

Mixer stratégie globale et questions précises

Les messages à faire passer sont, en effet, clés durant les conventions proposées par le franchiseur. Durant les conventions annuelles avec chacune des enseignes, le groupe EMOVA propose des journées de travail avec l’intégralité des franchisés. « Cela prend différentes formes selon l’enseigne et l’actualité du moment, mais cela peut-être, par exemple, une plénière avec des sujets structurants le matin et des ateliers ensuite, où les services se mettent à disposition des franchisés. Les franchisés en profitent alors pour parler de manière plus directe avec les services du franchiseur sur des sujets plus précis comme la communication ou la fidélisation, ou encore l’approvisionnement ». Les thèmes évoqués ne sont d’ailleurs pas tous descendants, les remontées terrains, via les moments de réunion au niveau de la région ou les échanges avec les responsables régionaux, permettent d’adapter la convention aux attentes des franchisés. « Les remontées terrains, nous les avons effectivement souvent avant, tout comme les attentes des franchisés sur la convention. Il y a, par exemple, des sujets qui sont assez récurrents, comme l’approvisionnement ou la communication. Nous travaillons donc avec ces remontées terrain afin de proposer un ordre du jour qui corresponde à leurs attentes d’une part, et qui coïncide avec les projets que nous souhaitons développer d’autre part », confie Virginie Steinbach. Si la convention est un moyen pour le franchisé d’échanger avec les services et de faire remonter ses enjeux d’entrepreneur, elle est aussi une opportunité pour avoir accès aux décisionnaires et évoquer en plénière, ou lors de moments plus informels, l’actualité et la stratégie du groupe, comme nous l’explique Isabelle Mirocha : « il n’est pas rare que l’on fasse venir un membre du conseil d’administration de Mobivia (la maison-mère de MIDAS, ndlr), qui vient partager sans aucun tabou, et se tient toujours à l’écoute des franchisés pour dialoguer. C’est fondamental dans une convention, de rendre possible le dialogue, l’échange et les explications avec tous ceux qui font l’entreprise, dont les personnes décisionnaires ».

Joindre l’utile à l’agréable

Un séminaire réussi doit cependant répondre à un certain nombre de questionnements et de préparations. « Il faut prévenir les franchisés suffisamment à l’avance de façon à ce qu’ils puissent s’organiser, pour s’assurer d’avoir le maximum de participants à la convention, nous explique Virginie Steinbach. Lorsque l’enseigne est nationale, il faut également essayer de trouver un endroit central afin que tout le monde puisse venir facilement ». Un endroit central qui se trouve être souvent Paris, pour la facilité des transports. Le choix du lieu peut cependant parfois être dicté par d’autres nécessités ; Emova a ainsi réuni cette année tous ses franchisés de l’enseigne Rapid’Flore à Lisieux, afin de leur faire découvrir le magasin relooké au concept Cœur de Fleur installé dans la ville. Un déplacement moins pratique pour beaucoup de franchisés, mais nécessaire afin de les faire adhérer à la proposition de nouveau concept du franchiseur. De la même façon, le choix de Rome pour Midas relevait plus de l’envie de « faire rêver », des confidences d’Isabelle Mirocha, que d’un choix pratique. Ce séminaire, elle a d’ailleurs commencé le préparer avec les équipes de Midas France et Midas Europe au moins un an à l’avance. La date du séminaire a, en effet, été calée très en amont, et les premières réunions ont commencées six à huit mois avant. Savoir ce qui va être dit, comment et surtout par qui, de façon à ce qu’un mois avant la convention tous les supports de communication soient prêts et les messages clairement exprimés. Les franchisés, de leur côté, ont reçu une invitation quatre mois avant l’événement, et ont été invités à s’inscrire un mois après, soit trois mois avant l’événement. L’organisation doit être sans faille selon Alain Deblock qui liste les bonnes pratiques à respecter : « il ne faut surtout pas se tromper sur l’hôtel car c’est là que le participant va passer le plus clair de son temps, entre sa chambre et les réunions ». Prérequis indispensable, l’entrepreneur explique cependant qu’il est généralement plus attendu sur le rêve qu’il va apporter aux participants. Pour cela, « il est important de mettre en place une relation extrêmement simple avec le client. Sur de tels enjeux, il faut travailler le plus possible en transparence financière, cela rend les choix plus simples ». Car le voyagiste clame avant tout son amour pour les lieux qu’il fait découvrir : « nous aimons montrer les lieux, les faire vivre. Nous essayons de faire se rejoindre l’histoire d’un groupe avec celle du lieu, et parfois ils arrivent à trouver des réponses à leurs propres questions dans les lieux qu’ils vont visiter. Comme les délais sont assez courts, il faut, par ailleurs, utiliser tous les sens, l’odorat, la nourriture, l’oreille, le toucher et la vue ». A Rome, il a ainsi organisé entre deux plénières des visites de la ville par petits groupes, ponctuées de déjeuners dans une trattoria, avant de les emmener passer une soirée dans les décors de la série Rome au sein des studios Cinecittà. La soirée du lendemain s’est déroulée dans un palais avec vue sur Rome au soleil couchant et concert de musique accompagnant un feu d’artifice. Une parenthèse de rêve pour les entrepreneurs,  avant de retrouver leur quotidien.

Nicolas Pagniez

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