L’espoir « tocilizumab »

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Aussi expérimental que l’hydroxychloroquine, testé lui aussi à la hussarde, mais adoubé, lui, par les mandarins. Pourvu que son effet soit confirmé.

Le médicament au nom « aztèque », tocilizumab, semble réussir à juguler les cas sévères. Que sait-on de cet espoir soudain ?

Pour une fois, le médicament miracle ne provient pas du labo du professeur Raoult ! Mais directement de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris. L’essai clinique a porté sur 129 patients moyennement ou gravement touchés. Constat : le tocilizumab freine le risque d’entrée en réanimation et parfois évite la mort.

Voilà longtemps que le directeur de l’AP-HP, Martin Hirsch, se faisait discret. En communiquant sur l’espoir suscité par ce médicament « détourné » (il traite la polyarthrite rhumatoïde), il reprend le lead, comme on dit en marketing sur le front préoccupant de l’absence de stratégie clinique.

Toci quoi ?
La molécule imprononçable (RoActemra, nom commercial) soulage depuis 2010 une partie des 200 000 malades en France atteints de polyarthrite rhumatoïde. Chez eux/elles, elle bloque une protéine, l’interleukine-6, cause de l’inflammation dont ils/elles souffrent. De quoi faire penser à cette même inflammation hyperréactive, l’« orage cytokinique », qui, dans le cas du Sars-CoV-2 engendre des insuffisances respiratoires sévères souvent létales. Et si le tocilizumab procurait le même effet que dans le cas de la maladie évoquée ? Un essai clinique a été très tôt amorcé – intitulé Corimuno-Toci. Comme toujours, on a séparé les malades en deux groupes, 65 ont reçu du tocilizumab, 64 rien, sinon de l’oxygène et des antibiotiques.« On a diminué de manière significative le nombre de patients devant aller en réanimation et le nombre de patients décédés, commente pour Le Parisien le Dr Olivier Hermine. C’est très positif. » Depuis, plus rien. Dans l’attente, dit-on d’une publication dans une revue scientifique. Mais n’avait-on pas condamné l’attitude du professeur Raoult et de son essai de l’hydroxychloroquine pour la même raison ?

Rien n’est acté
Et d’autant plus que si la molécule tant controversée devait être administrée en phase 1 de la maladie, quand le malade n’était pas encore sous « orage de citokine », le tocilizumab est administré à des patients en état sévère, alors même qu’il n’est pas sans risque : risque d’infection bactérienne et lésions hépatiques. Lui non plus n’est pas un médicament à administrer sans prescription ni suivi. Testé à l’hôpital Foch de Suresnes (Hauts-de-Seine) sur 30 patients, soit à peu près la cohorte du médecin marseillais, il aurait réduit la ventilation nécessaire et montré un taux de survie plus important. Le monde scientifique s’en empare partout dans le monde. Si ses espoirs sont confirmés, il s’agira d’une belle réussite. Mais décidément, pourquoi ce médicament opportun et pas l’hydroxychloroquine, du reste testé dans des conditions étrangères au protocole Raoult ? Les mandarinats covidiens gardent leur mystère…

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