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Les demi-mesures officielles touchent un pays économiquement en récession.
Il y a les pays qui ne confinent pas – la Suède, le Bhoutan… Il y a les confinés sévères – La France, l’Italie, l’Espagne… Il y a l’Allemagne qui prépare son déconfinement à partir du 19 avril. Et puis le Japon, qui ne se résout pas au confinement tout en l’appliquant, mais pas complètement, pas tout de suite, pas maintenant. Le pays déjà en récession depuis 2019 veut à tout prix éviter de sombrer totalement dans le marasme. D’où les demi-mesures du gouvernement de Shinzo Abe.
Sept régions japonaises plus gravement atteintes, dont la capitale, sont désormais en état d’urgence jusqu’au 6 mai. Un confinement, mais volontaire. Autrement dit, des dizaines de millions d’employé/es continueront à circuler et à se rendre à leurs bureaux.
Officiellement, les chiffres de contamination nippons se montrent spectaculairement bas, 4 200 personnes, mais personne n’est dupe, le dépistage programmé va révéler un bilan terriblement plus lourd. Or le gouvernement veut sortir du confinement partiel en un mois en réduisant les contacts interpersonnels de 70 % ou 80 %. Shinzo Abe rêve d’« atteindre le pic des infections avant un ralentissement dans deux semaines ». Le conseil scientifique français qui nous promet un renfort du confinement serait bien surpris si la perspective se réalisait… même si le Japon n’a jamais sacrifié, comme en France, les stocks de masques qui font partie de sa culture sociale. Car les directives des autorités restent des plus vagues : les employé/es sont invité/es « en principe » à télétravailler depuis la maison. Il est rappelé qu’aucune autorité n’a le pouvoir d’imposer un confinement strict, de sanctionner, ni entreprise ni « pékin » moyen. Le seul pouvoir qu’il se donne, c’est de ne surtout pas aggraver sa situation économique.
Rester en vie
Mercredi 8 avril, Tokyo semble presque « normal », selon les médias, même si la circulation et les déplacements massifs ont ralenti : ce sont des millions de Tokyoïtes qui affluent dans les gares et les bureaux. Sont fermés les grands magasins, les boutiques de mode, les salles de gym, les karaokés, les bibliothèques. Restent ouverts les restaurants, les supermarchés, les banques, les usines, les supérettes toute la journée et toute la nuit, les coiffeurs, des garderies, les bains publics des quartiers populaires. Le tout desservi par les transports en commun. L’obsession du gouvernement nippon est de générer un rebond de l’après-épidémie, plan de relance énorme à l’appui, mais surtout sous la forme de garanties d’État de prêts. Même si le mi-confinement japonais suffisait, le Soleil Levant déjà durement touché par Fukushima aurait du mal à rétablir son économie. Alors s’il échoue…