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Une stratégie nationale que les maires et les citoyens déclineront : le plan français est imparable.
L’homme est fatigué, mais sa voix timbrée laisse augurer d’un esprit clair. Clair, Édouard Philippe le fut, le 28 avril, devant l’hémicycle et non « au cours d’un JT », même si sa barbe inégalement blanchie atteste d’un poids de la décision sans cesse accru. Il parla devant 75 députés respectueux qui l’applaudirent à deux ou trois reprises et se levèrent aux moments formels, à l’exception de représentants d’une opposition bien décidés à voter contre le plan quel qu’en soit le contenu. Lequel plan ne surprend pas. On s’attendait à un déconfinement très progressif, il le sera puisque, globalement, le télétravail se poursuivra, les bars/restaurants n’ouvriront pas avant juin, les plages et les stades resteront vides et l’élastique de nos déplacements ne dépassera pas cent kilomètres. Mais tous les commerces rouvriront le 11 mai, à charge pour eux de respecter gestes barrières et distanciation physique (l’affreux qualificatif de « social » ne fait plus partie du vocabulaire officiel !). Les vrais points critiques du plan se nomment transports en commun que l’exécutif délègue faute de mieux à la RATP et à la SNCF, en réalité bien incapables de s’inscrire dans l’optimum sanitaire. Et écoles, dont le redéploiement échoie essentiellement aux maires, préfets et parents d’élèves. En fait, le Dr Philippe surveillera le thermomètre, prêt à reconfiner à la moindre alerte.
Le point de mire – un masque pour tous, des tests pour les symptomatiques et les personnes contacts – aura été le passage délicat qui rappelle le péché originel, la « pénurie », un mot habilement placé au regard des hésitations de scientifiques tâtonnants qui ont bon dos.
Bref, la « ligne de crête » – protéger sans immobiliser – n’est pas réellement attaquable : protéger, tester, isoler, le tryptique semble imparable si tant est que tout un peuple veuille bien continuer à se protéger, à se faire tester en cas de besoin et à s’isoler si contaminé. Le jeune Premier ministre a même fait appel à un mot rare, en guise de péroraison d’un discours millimétré : vertu. Cette « force morale avec laquelle l’être humain tend au bien, s’applique à suivre la règle, la loi morale », dit la définition. À défaut de tendre au bien, l’être français suit la règle et les députés LREM voteront le plan au nom de la morale politique. En nous exhortant à la patience, qui est aussi une vertu.
Olivier Magnan, rédacteur en chef