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Ce qui nous tombe dessus est un scénario complotiste grandeur nature dont nous sortirons libérés de tout un tas d’impasses humanistes !
Un virus microscopique a réussi à obliger des millions d’individus à rester chez eux, ne plus sortir, ne plus travailler, ne plus jouir de la vie pleinement. Il a fermé des usines, des commerces, des entreprises. Il a annulé festival et spectacles. Il a aboli baisers et poignées de main. Il a séparé les familles, les amants, il a emprisonné les vieux. Il se prépare à « tracer » les porteurs de smartphones. Sous d’autres cieux, des milliards d’individus sont « reconnus » par des millions de caméras. On dénonce et on emprisonne.
Une forme de couvre-feu accepté qu’aucune puissance dictatoriale au monde n’aurait pu imposer en si peu de temps.
En 2012, le prince timbré des complotistes, le journaliste britannique David Icke, avait décrit un processus autoritaire parfaitement appliqué par le confinement. Il avait forgé pour le définir le triptyque « Tension-Réaction-Solution » : « D’abord, écrivait-il, créer discrètement un point de tension dont on fera porter le chapeau à quelqu’un [en l’occurrence, un point de tension pas discret du tout et dont fait porter le chapeau à une pandémie]. Susciter une réaction publique de peur ou d’indignation [Nous y sommes] Ce qui offre l’occasion à ceux qui ont secrètement fabriqué le point de tension d’avancer ouvertement la solution – les changements de société… »
Le processus paranoïaque du complotiste s’applique à ce point à la situation mondiale qu’il doit être en train de pondre son énième opus pour en dénoncer l’application mondialiste.
Ne cédons pas à ces schémas effondristes et terrifiants.
Faisons en sorte que la solution si noire des complotistes se traduise par l’inverse des thèses de l’ordre nouveau. Exigeons que la transition énergétique devienne un axe majeur des gouvernements – Engie vient d’en exprimer le souhait –, que le principe de précaution sanitaire nous dote d’un service de santé publique affûté et proportionné aux attaques à venir, et pas seulement en France, que les entreprises soient débarrassées des lourdeurs qui les plombent encore et qu’elles se dotent d’un objet social humaniste, que les GAFA ne soient plus les grands gagnants d’une mondialisation qui a montré ses effets systémiques incohérents. Un ordre nouveau doit apparaître, certes, mais un ordre inverse à celui que les logiques financières voudraient nous imposer : la vie avant l’économie.
Olivier Magnan, rédacteur en chef