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Expérience contre fraîcheur. Respectabilité contre nouveauté. Cadre assez strict contre liberté. Difficile de faire le choix, entre un réseau de franchise établi (senior) ou une jeune pousse des possibles (junior).
Vous rêvez d’ouvrir une franchise. De vous lancer enfin, en lâchant cette condition salariée qui vous pèse. Mais il y a la crainte. Peut-être même la peur. Celle de l’inconnu. Car une franchise, c’est forcément un compromis. Une main tendue vers une enseigne, déjà installée, forte de ses habitudes et ses préceptes. Comme disent les jeunes, il faut que ça « matche ». Dans la pléiade infinie du monde franchisé, on compte deux grandes catégories. Les seniors et les juniors. Les premières sont installées. Les Français les connaissent. Et d’ailleurs vous aussi : vous les arpentez déjà comme client. Elles s’appellent McDonald’s, Tryba, Point S… Toutes sortes de jingles publicitaires, culture de la société de consommation, vous reviennent en tête. Une enseigne senior vous fera confiance. Mais à l’unique condition de votre capacité d’adaptation à SON modèle.
Plus de sécurité ou plus de liberté ?
REJOINDRE UNE FRANCHISE SENIOR, C’EST LIMITER TRÈS FORTEMENT LE RISQUE
Alors, vous voulez peut-être avoir plus de marge de manœuvre. Ressentir l’excitation de la conquête. Participer à une aventure certes plus grande que vous, dont vous ne serez pas le moteur central, mais dans laquelle vous pourrez jouer le rôle de pionnier. En cas de réussite, oui, vous pourrez dire : « J’y étais ». Ce sont les franchises juniors. Des concepts nouveaux. Dans l’ère du temps. Mais avec, aussi, une vraie prise de risque, qui pourrait se retourner contre vous. Tout perdre, pour le compte d’un autre ? Même si le parapet de la franchise vous protégera davantage qu’un entrepreneur pur sucre ne peut l’être, il reste que c’est tout de même votre projet de vie qui serait, alors, hypothétiquement, impacté. Rejoindre une franchise senior, c’est donc limiter très fortement le risque. « Avec une jeune franchise, on ne bénéficie pas de la notoriété de l’enseigne et le démarrage est donc plus long », explique Christophe Bellet auprès de nos confrères de L’Officiel de la Franchise. Mais, entreprendre en voulant limiter les risques, n’est-ce pas un oxymore ?
Il faudra vous inscrire dans le collectif
LES PETITS BUDGETS PRÉFÉRERONT LES JEUNES FRANCHISES, SOUVENT MOINS GOURMANDES
Notons aussi d’autres avantages au choix d’une franchise senior. D’abord, il y a la communication, qui n’est plus à faire. Que vous soyez membre de Burger King, de Comme J’aime, de Carrefour ou d’Amorino, pas besoin d’expliquer pendant des heures votre secteur d’activité. Devant le banquier, ça peut aider : le prêt vous sera probablement octroyé plus facilement. Une bonne nouvelle alors que les banques activent le frein à main, en prévision d’une probable crise financière systémique. Les franchises seniors, c’est aussi une meilleure capacité d’action, un certain confort. Des moyens, des kits, une communauté humaine rassemblée. L’impression rassurante de faire partie d’un groupe qui a fait ses preuves. Pensez aussi à vos futurs clients : si vous songez à entreprendre dans les services à la personne, par exemple, la notoriété d’une enseigne peut les rassurer. Tout dépend donc du secteur d’activité.
Côté junior, il s’agit là d’abandonner le paquebot, de monter sur le petit voilier pour… souquer ferme ! Oui, ce sont des difficultés supplémentaires, mais vous aurez la certitude de ne pas être un numéro dans un registre, réduit à l’anonymat placide. Et, surtout, il y aura vraiment l’excitation de l’entrepreneuriat, cette étincelle des bâtisseurs qui vous fera dire : « Là, je vois, je sens que je ne suis plus un salarié. J’ai mon destin bien entre les mains ».
L’amour du risque
Du point de vue financier, il y a ainsi une vraie différence. Impossible de dresser un tableau d’ensemble, mais tout de même, très généralement, l’apport financier pour une senior sera bien plus important que pour une junior. Les petits budgets préféreront donc ces jeunes pousses peu gourmandes. On note aussi une différence quant au cahier des charges, sans doute moins fourni et plus « libéral ». Un avantage là encore limité, puisqu’en face, il faudra fournir une plus grande charge de travail. Vous serez l’éclaireur de votre franchise, son ambassadeur perpétuel. Il vous faudra redoubler d’ardeur pour faire connaître son concept, ses produits, l’inscrire dans un paysage économique déjà bien garni. Convaincre les fournisseurs, qui hésiteront d’abord à faire affaire avec vous.
Verdict : prime aux juniors !
Nous n’allons pas vous laisser dans le flou, et succomber à la facilité journalistique du relativisme permanent. Pas de réponse à la normande : « p’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non ». Nous allons nous engager : oui, privilégiez, si vous le pouvez et voulez bien entendu, les belles juniors. Alors bien sûr, ce n’est pas, comme on l’a vu, une solution de facilité. Vous aurez le vent de face. Ce ne sera pas du « tout cuit ». Oui, il faudra se battre. Prendre son risque. Et aller chercher la croissance avec les dents.
Entreprendre, cela suppose des nuits et des jours face à soi-même. Des difficultés profondes. Un dur labeur. Si vous avez envie d’ouvrir une franchise, c’est bien parce que vous désirez plus que tout rompre avec la facilité et la passivité du salariat. Que vous avez le désir d’entreprendre votre vie. Dans ce cadre, la franchise est une solution, elle limite la casse. Vous ne risquez pas de tout perdre, comme ces entrepreneurs valeureux qui, un beau matin, sautent dans le vide. Alors, la franchise senior, par son aspect dogmatique et installé, risque de brider l’envie légitime de créativité dont vous êtes assurément porteur. Le compromis idoine peut donc être, si l’instinct vous le dicte, la franchise en mode junior.
VALENTIN GAURE
Au-delà de l’ancienneté
d’une enseigne, les
questions que je dois me poser :
- Quels sont mes goûts et aspirations ?
- De quels fonds est-ce que je dispose ?
- Comment le concept se différencie de la
concurrence ? - Quelle formation est proposée ?
- Quelle assistance est prévue – tout au
long du contrat – pour les franchisés ?
Source : L’Observatoire de la franchise