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Les franchises accessibles, avec un ticket d’entrée peu élevé, se multiplient ces dernières années dans tous les secteurs d’activité, particulièrement les services. Beaucoup se rapprochent de l’entreprenariat individuel. Bon nombre offrent des rentabilités intéressantes. Attention, ce faible coût peut avoir un prix.
Et si l’on vous disait que pour moins de 20 000 euros, vous pouvez avoir votre propre entreprise clé en main (ou presque) ? Voire moins de 5 000 euros ? C’est aujourd’hui possible grâce à la franchise. Ce n’est plus un secret : la franchise en France se porte bien, très bien même. Les formules (car « franchise » n’est qu’un mot-valise qui recouvre bien des formes de commerce associé) offrent aux aspirants entrepreneurs un vaste choix de professions. Mieux encore, il existe un choix presque tout aussi large de montants d’apport personnel. De plus d’un million d’euros à… rien, ou presque. Alors que pendant longtemps, la franchise avait la réputation d’être chère, on a assisté ces dernières années à une véritable explosion de la franchise « accessible », où l’apport personnel navigue en dessous de 20 000 euros.
Pour tous les goûts à petit prix
À ce prix-là, les secteurs que l’on pourrait croire restreints se révèlent multiples : les franchises accessibles intéressent l’automobile (lavage, entretien…), le bâtiment (travaux en tout genre), la beauté/santé, le fitness, le commerce (tous azimuts), la mode, l’aménagement (cuisine, meubles, déco, jardins…), la restauration (pizza, notamment), l’immobilier, la garderie, l’éducation… Sans oublier la distribution alimentaire – l’apport personnel pour une enseigne de Carrefour Proximité (City, Contact, Express…) se monte au droit d’entrée exorbitant de 5 000 euros – et, bien sûr, les services à la personne et aux entreprises.
Ceux-là constituent une part importante des franchises accessibles pour la simple raison qu’elles ne coûtent pas cher à créer de façon générale. Exigences réduites, voire inexistantes, en matière de locaux et de stock, peu ou pas de personnel, matériel minimum… Parmi les activités qui caracolent en tête, l’immobilier et le courtage – certains réseaux ne demandent même ni apport personnel ni droit d’entrée. D’autres recrutent des franchisés en permanence, comme l’assistance aux personnes âgées, les services aux animaux de compagnie… Ticket d’entrée modéré pour une bonne raison : les franchises de service les plus abordables sont des aventures individuelles, du moins au début. Et même quand ce n’est pas le cas, les effectifs restent limités.
De façon générale, quel que soit le secteur d’activité, qui dit franchise à petit prix dit entreprise de taille modeste. Les locaux, quand ils se révèlent nécessaires, restent de surface réduite à moyenne. Et, comme on l’a déjà souligné, le franchisé n’a nul besoin d’une escouade de salarié/es. Seuls les besoins en stock et l’investissement en matériel vont varier d’importante façon selon les secteurs (c’est le cas en santé/bien-être).
Qui dit petite entreprise sous-entend quantité de travail à fournir ! Pour beaucoup de ces activités, le dynamisme et l’implication du patron sont déterminants pour la réussite. C’est vrai quel que soit le secteur, mais plus encore pour les services où le relationnel devient essentiel. D’une certaine façon, pour nombre de ces réseaux, le profil type du franchisé se montrera très proche de celui d’un bon indépendant : envie d’être son propre patron, mais de garder les mains dans les rouages, bonne capacité à développer son réseau de clientèle et de partenaires…
« Accessible » ne veut pas dire forcément pas cher
Ne pas confondre apport personnel faible et montant global d’investissement. Pour estimer les moyens financiers à mobiliser, il va falloir calculer tous les apports absolument incontournables.
• L’emplacement : de tous les secteurs d’activité mentionnés, seul celui des services se passe d’emplacement coûteux – parfois le domicile du franchisé – et de stocks – inexistants en l’occurrence. Pour toute autre activité, l’emplacement joue un rôle déterminant dans la réussite du projet entrepreneurial. Or, un bon emplacement suppose un prix, variable selon les villes et les quartiers visés (exception notable : la distribution alimentaire recourt souvent à la location-gérance à travers laquelle le franchiseur n’est pas propriétaire mais locataire du local). Ce loyer entre dans l’estimation du montant global de l’investissement, tout comme son aménagement. Les réseaux de franchises communiquent volontiers sur le ticket d’entrée mais n’indiquent que rarement un prix moyen pour le local. Et pour cause : les variations de loyer entre les emplacements sont tellement importantes selon les villes qu’il est difficile pour la tête de réseau de figer une somme. Du coup, les franchiseurs préfèrent fonder leur discours sur les investissements objectivement fixés.
• Le développement : c’est l’autre investissement auquel il faut prêter attention lorsqu’on évalue le coût d’entrée dans une franchise. Un investissement initial n’est – comme son nom l’indique – que le premier d’une, a priori, longue série. C’est normal (et sain) dans tout réseau : par exemple, une expansion, un renouvellement de l’aménagement du magasin… Et ces investissements ultérieurs surviennent généralement plus tôt que l’on ne pense. Certains concepts comportent même des investissements à plusieurs étages : le début de l’activité se fait en solo, à son domicile, mais au bout de six mois il faut chercher un emplacement et recruter des collaborateurs ! Du coup, l’investissement global de la première année augmente de façon significative.
• La nature de la franchise : réseau de franchise, licence de marque, affiliation ou partenariat ? C’est déterminant puisque les obligations de la tête de réseau, en matière notamment de formation, d’animation ou de transmission du savoir-faire ne sont pas les mêmes selon le type de l’association. S’il s’agit bien d’une franchise, est-ce que les coûts associés à ces prestations – qui sont une des raisons importantes d’aller vers ce type de projet entrepreneurial – se justifient par une authentique qualité de service ? Le faible ticket d’entrée de certains réseaux s’explique aussi parfois par un accompagnement minimal dans le réseau.
Plus qu’une simple plate-forme de lancement
Une fois ces mises en garde intégrées, les franchises accessibles offrent, comparées à leurs homologues plus chères, quelques avantages spécifiques.
• Le premier est évidemment le prix. Cette accessibilité constitue un excellent moyen de vivre un premier entrepreneuriat à moindre risque (financier, du moins) – chef d’entreprise, c’est un métier bien particulier dont la découverte risque parfois de se montrer rude. Par exemple, dans le cas des services à la personne ou aux entreprises, nombre de concepts ne demandent ni locaux, ni stocks, ni même personnel – qui viendront le cas échéant avec le développement de l’« affaire ». Rien à voir avec les tourments que risquerait un nouvel entrepreneur franchisé d’un hypermarché dans un centre commercial, par exemple.
• Dans le cas de la franchise à proprement parler, la formation et la transmission du savoir-faire vont grandement aider à acquérir les autres compétences indispensables – sans oublier la notoriété offerte par l’enseigne, qui offre un booste plus qu’appréciable pour se lancer dans des marchés souvent concurrentiels où les indépendants abondent.
• Enfin, ce n’est pas parce que l’investissement de départ se montre faible que les résultats seront à l’avenant, c’est-à-dire petits. D’abord, parce que l’avantage de partir sur un investissement faible et des charges abordables est que le point d’équilibre sera atteint d’autant plus rapidement, ce qui diminue le risque global du projet. Ensuite parce que faible investissement ne dit pas faible rentabilité. Un supermarché de proximité, par exemple, est de nature à offrir un CA proche de l’ordre du demi-million d’euros, voire bien plus : Vival cite un chiffre d’affaires à deux ans de 400 000 euros pour un apport personnel de 20 000 euros. Carrefour Proximité annonce un CA à deux ans entre 900 000 euros et 10 millions d’euros. Et les points de vente de réseaux de franchise en service à la personne et en service aux entreprises réalisaient en 2017 un CA moyen d’un peu moins de 350 000 euros pour les premiers et de 400 000 pour les seconds. Dans ce cas de figure, le moindre risque génère une grande récompense…
Jean-Marie Benoist