Bien constituer son apport

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L’apport personnel est indispensable pour débuter son aventure en franchise. Mais l’investissement est haut. Pour certains multifranchisés, aucun souci pour réunir les fonds. Mais quid de la première aventure ? Quelques idées en or.

Pour commencer une aventure entrepreneuriale, il faut investir, tout le monde le sait. A priori, on pourrait penser que l’achat d’une franchise devrait coûter moins cher que la création from scratch. Faux. C’est souvent plus cher que de se lancer seul : démarrer lesté d’un concept clé en main a un prix. Il faut penser, outre au droit d’entrée demandé par le franchiseur, à toutes les dépenses et investissements liés à l’installation que l’apport ne couvre qu’en partie : le coût de la formation initiale, le stock de lancement, le matériel, le mobilier, l’informatique, les travaux d’agencement du local, la signalétique extérieur, la PLV… Soit l’ensemble des éléments nécessaires au démarrage de l’activité dans le respect du concept. Le ticket d’entrée réel – le montant des investissements pour créer le franchisé ‒, selon la dernière enquête annuelle sur la franchise menée par Banque Populaire et la FFF, était supérieur à 100 000 euros pour 56 % des franchisés et supérieur à 200 000 euros pour 20 % d’entre eux. Or l’apport personnel sert justement, en premier lieu, à obtenir les prêts nécessaires auprès des établissements bancaires (ou autres) pour assurer l’investissement global. Il est donc bien plus élevé que le droit d’entrée, jusqu’à se compter souvent en plusieurs dizaines de milliers d’euros – entre 30 et 40 % de l’investissement global, ce que demandent en général les banques pour accorder un emprunt. Il s’agit de sommes importantes, qu’il est rare, pour un candidat à la franchise, de couvrir avec ses seuls fonds propres. Selon l’enquête annuelle de la FFF et de la Banque Populaire, 75 % des franchisés ont investi des ressources personnelles, 68 % ont souscrit un emprunt bancaire et 8 % ont eu recours au crédit-bail. « Le crédit bancaire est la solution la plus adaptée pour compléter son financement, notamment à cause des taux pratiqués », souligne Pascale Pécot, d’Adventi Franchise. Selon la FFF, 29 % des franchisés évoquent le taux comme raison principale de leur choix de recourir à l’emprunt, quand 24 % mentionnent aussi la qualité des relations avec le conseiller et 22 % la rapidité de réponse.

Savoir raison garder

La première source pour constituer son apport personnel est : soi-même. Suivi de près par son entourage proche. PEL, PEA, PEE, livrets variés… La création d’entreprise constitue l’un des cas légaux de déblocage de l’épargne avant l’expiration du délai d’indisponibilité de cinq ans. Mais il faut savoir raison garder. « Avant toute chose, l’apport doit être solide et directement disponible, souligne Sylvain Bartholomeu, associé chez Franchise Management. Il n’est jamais bon de mettre et le sommier et la maison dans le projet. Et il est toujours risqué de mélanger famille, argent et entreprise. » Comme c’est souvent le cas dans une vie d’entrepreneur, la constitution de son apport est une affaire de gestion du risque. Pourquoi pas recourir à un prêt familial, mais en le calculant bien en regard de la prise de risque et en le cadrant solidement sur le plan légal, par exemple avec pacte d’actionnaires – sinon, en cas d’échec, l’onde de choc atteindra tous vos proches. Et même si personne n’aime envisager l’échec avant de se lancer dans un projet, c’est pourtant indispensable. L’idéal, si c’est possible, est de se prévoir une certaine marge de sécurité. En cas d’échec, bien sûr, mais même en cas de coup de mou : il arrive parfois que les débuts soient plus lents qu’anticipés, ou, plus souvent, que l’on ait plus de frais que prévu.

Aides et crowdfunding

Le recours à l’emprunt bancaire est, de toute évidence, fortement déconseillé. Il existe, heureusement, d’autres moyens pour compléter son apport ‒ et l’on parle bien de compléter l’apport, pas de le constituer ‒, mais « il faut faire attention : les taux d’intérêts ne sont pas tous les mêmes », souligne Sylvain Bartholomeu. L’une des solutions les plus récentes est de recourir au financement participatif via des plates-formes de crowdfunding (depuis 2014, les particuliers ont le droit de prêter directement à des entreprises), ce qui est évidemment attractif. Mais les taux tournent aux alentours de 8 % et les plates-formes prélèvent une commission sur le montant total.
Autre possibilité, le recours aux aides à la création d’entreprise et autres prêts à taux zéro et prêt d’honneur. Il existe nombre de dispositif nationaux et locaux : l’Accre et l’Are pour les demandeurs d’emploi, BpiFrance pour tout le monde, et, notamment, depuis 2009, le dispositif Nacre, vrai accompagnement sur trois ans. Sans oublier les prêts d’honneur accordés par les collectivités régionales. Malheureusement, les formalités administratives rebutent souvent : 81 % des franchisés, selon la FFF, n’ont pas tenté de démarche, alors que deux tiers de ceux qui s’y sont lancés ont obtenu une aide financière.

Le réseau, déjà un allié

Parfois, le réseau lui-même deviendra un recours pour compléter son apport personnel. Dans certains cas, le franchiseur décidera de recourir à la franchise participative pour monter au capital du franchisé et ainsi l’aider à se lancer. « Certains réseaux de franchises se sont même dotés de systèmes de financement. Ils ont l’avantage d’augmenter le sentiment d’appartenance collective », souligne Sylvain Bartholomeu. La pratique doit évidemment rester encadrée – on recommande de ne pas laisser la participation du franchiseur dépasser 40 % ‒, mais elle donne un signal indéniablement fort au début de la collaboration.
Sans aller aussi loin, d’autres réseaux proposent des formations pour aider le candidat à la franchise à discuter avec les banquiers : comment présenter le projet, le défendre… Si c’est le cas, n’hésitez pas à y participer. En tout état de cause, la noire erreur de se dire qu’une fois son apport constitué, le travail est fini. Ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un projet de franchise que le banquier va automatiquement donner son accord, même si, selon la FFF, près de 60 % des franchisés estiment que le concept franchise, rassurant ‒ un prêteur a horreur du vide ‒, a favorisé l’octroi de leur crédit. Heureusement, le temps passé à convaincre vos proches, le public et les institutions publiques vous aura rodé…

Jean-Marie Benoist

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